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27 IV L a Société industrielle de fabrique de chaussures (SIFAC) a construit deux usines dans le pays, dont une à Kira, à côté du grand barrage de Zado. Cette ville, qui était autrefois un petit village d’à peine cinq mille habitants, est aujourd’hui un centre industriel avec quatre grandes usines : en plus de la SIFAC, il y a l’usine de production de cuirs et peaux de la Compagnie de Production du Cuir (CPC), l’unité de brasserie de la Société nationale industrielle des Brasseries (SNIB) et la centrale électrique de la Société d’Électricité (SOEL). Cette centrale alimente la ville de Kira et ses environs. La SIFAC, d’un capital de sept milliards de francs CFA, emploie trois cents personnes et produit cent cinquante millions de paires de chaussures en cuir par an. Ces chaussures sont vendues dans tout le pays, et même à l’étranger. La CPC a un capital de quatre milliards de francs CFA et transforme chaque année cinq millions de peaux de bêtes en cuir. Elle achète les peaux sur tous les marchés du pays. Elle emploie dans l’usine deux cent cinquante ouvriers. La SNIB est plus grande que les deux premières sociétés : d’un capital de douze milliards de francs CFA, elle produit chaque jour en moyenne un million de bouteilles de boissons de toutes sortes, alcoolisées ou non. Elle emploie mille deux cents ouvriers. Quant à la SOEL, elle emploie deux cents techniciens et ouvriers et produit par an cent huit mégawatt-heure d’électricité. Toutes ces quatre usines consomment l’eau du grand barrage de Zado. Le barrage est situé à trente kilomètres de la ville de Kira. C’est ce barrage, grand réservoir de soixante millions de mètres cubes d’eau, qui a transformé le petit village de 28 Emmanuel Kouraogo Zado en une ville industrielle très importante pour l’économie du pays. La construction de la première usine SNIB n’a pas été facile. Il a fallu chasser les asmos de leurs terres. Les asmos, une ethnie minoritaire du pays, sont les premiers occupants des terres fertiles du village de Zado. Leurs ancêtres fuyant les attaques et les pillages des cavaliers bobés avaient trouvé cet endroit pour s’installer. La culture de la terre était leur première occupation, et ils avaient plusieurs fois eu des bagarres avec des éleveurs nomades cherchant de l’herbe pour leurs troupeaux. Recensés dans le département de Walfo, ces courageux cultivateurs avaient de bonnes récoltes. Mais ils étaient comme oubliés par le gouvernement : l’école la plus proche était à douze kilomètres du village ; il n’y avait pas de dispensaire ni de maternité. Il n’y avait presque pas de moyen de communication avec Kira, car il n’y avait pas de téléphone, et la seule route séparant Zado de Kira était souvent coupée pendant l’hivernage. Le bâtiment de la préfecture ressemblait à une maison d’habitation. La maison du préfet servait à la fois de logement et de lieu de réunions. Dans son bureau, il manquait de tout. Il n’y avait même pas suffisamment de chaises pour les visiteurs. L’ethnie asmos avait pu rester dans le village grâce au courage d’un de leurs ancêtres du nom de Yoli. Il y a environ deux cent cinquante ans, Yoli avait levé une armée pour lutter contre les cavaliers bobés. Les pillards bobés avaient poursuivis les asmos jusqu’à Zado. Mais là, ils avaient rencontré une résistance farouche des combattants de Yoli, qui les avait obligés de s’enfuir. Depuis cette bataille, ils ne furent plus attaqués. Le peuple asmos avait fait de Yoli son chef et son héros. À sa mort, ses funérailles furent grandioses. Une grande statue fut construite sur sa tombe, à l’est du village, à l’endroit même où il gagna la bataille sur les bobés. Tous les ans, tous les habitants du village, hommes, femmes, jeunes et vieux font un défilé jusqu’à sa statue, et y organisent une fête en son honneur. [13.58.112.1] Project MUSE (2024-04-24 03:16 GMT) 29 Bi Tirga Au moment où les accords pour la construction de l’usine sont en train d’être signés entre le gouvernement et des industriels blancs, les asmos attendent...

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