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PluTarque eT l’immorTaliTé de l’Âme* Mauro Bonazzi (Università degli Studi di Milano) À l’époque impériale, une époque marquée par des problèmes d’identité et par le besoin de redéfinir sa propre position philosophique dans un panorama en rapide évolution, la doctrine de l’âme en est venue à acquérir un rôle de plus en plus fondamental . Comme le remarquent tous les lecteurs de Platon, le thème de la ψυχή et les questions relatives à sa nature et son immortalité reviennent à plusieurs reprises dans les dialogues et sont abordés selon diverses perspectives, éthiques ou métaphysiques, à l’aide de démonstrations argumentées ou de mythes. L’âme occupe une position centrale dans la philosophie de Platon et constitue donc un point fondamental pour légitimer sa propre appartenance au camp platonicien : on ne s’étonnera pas alors si plusieurs platoniciens de l’époque impériale lui réservèrent un traitement approfondi.1 Plutarque en est certainement un exemple révélateur, au point où l’on pourrait affirmer que, dans le vaste corpus des Moralia, on ne trouve aucun traité à caractère philosophique où l’âme n’y est pas, d’une façon ou d’une autre, discutée. Mais Plutarque a fait davantage, en lui dédiant directement différents écrits. Le de animae procreatione in Timaeo, qui s’occupe de problèmes relatifs à la genèse de l’âme du monde, nous est parvenu grâce à l’originalité et la finesse de quelques-unes de ses propositions exégétiques qui stimulèrent l’attention des spécialistes ; d’autres traités ont malheureusement été perdus2 ou ont été conserv és uniquement sous une forme fragmentaire, n’ayant pas reçu l’attention qu’ils méritaient pourtant. En particulier, je me réfère à un écrit περὶ ψυχῆς, le no 209 du Catalogue de Lamprias, duquel il ne nous reste que quelques fragments. Je me propose de les analyser afin d’approfondir notre connaissance autant sur certaines caractéristiques importantes de la théorie psychologique de Plutarque que sur son rapport avec Platon. 1. analyse des fragmenTs du περὶ ψυχῆς Du περὶ ψυχῆς nous sont parvenus quatre fragments identifiés avec certitude (fr. 173-176 Sandbach).3 Avec une certaine assurance, on peut ajouter à ceux-ci deux * Cette contribution a été traduite de l’italien par Xavier Brouillette. 1 Cf. la liste de Dörrie & Baltes 1993, Baustein 91. 2 Cf., par exemple, no 48 (περὶ ψυχῆς εἰσαγωγῆς βίβλια γʹ), no 177 (περὶ τοῦ γνῶθι σαυτὸν καὶ εἰ ἀθάνατος ἡ ψυχή), no 226 (ὅτι ἄφθαρτος ἡ ψυχή) du Catalogue de Lamprias. 3 La numérotation des fragments suit l’édition Loeb de 1969, qui reprend l’édition Teubner de 1967, établie, elle aussi, par Sandbach. 76 mauro bonazzi autres fragments (fr. 177-178). Finalement, d’autres fragments pourraient aussi appartenir au περὶ ψυχῆς, même si leur attribution demeure incertaine (fr. 203-206 ; 215-217). Les deux fragments incertains (fr. 177-178) proviennent de l’Anthologium de Stobée, où apparaissent deux longs extraits attribués à un ouvrage περὶ ψυχῆς de Thémistios. Toutefois, dès 1772, Wyttenbach avait à juste titre attribué ceux-ci à Plutarque, non seulement sur la base de motifs stylistiques, mais encore en observant que ceux-ci faisaient partie d’un dialogue dans lequel les interlocuteurs étaient Timon et Patrocléas, deux noms bien connus des lecteurs de Plutarque, le premier étant le frère de l’écrivain et le deuxième un parent par alliance.4 D’ailleurs, les sources ne font état d’aucun écrit de Thémistios intitulé περὶ ψυχῆς et elles ne lui attribuent pas non plus la rédaction de dialogues. L’intuition de Wyttenbach a été par la suite confirmée en 1900 par M. R. James, qui a montré que Clément d’Alexandrie, dans ses Eclogae propheticae, avait cité anonymement des phrases d’un des deux fragments. Clément lisait Plutarque, parfois le copiant, et surtout il a vécu bien avant Thémistios.5 Dans son édition des fragments, Sandbach a donc correctement choisi de publier ces deux passages avec ceux dont la paternité et l’attribution sont certaines (Stob. Anth. 4,52,48-49 = fr. 177-178). Alors que ces deux longs et importants passages peuvent être raisonnablement attribués à Plutarque, la situation est, au contraire, plus compliquée pour les deux autres blocs de fragments (fr. 203-206 ; 215-217). Toujours dans Stobée, mais à l’intérieur d’une section différente, apparaissent quatre autres fragments assignés à un περὶ ψυχῆς de Thémistios (3,13,68 ; 3,22,89 ; 4,50,29 ; 4,52...

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