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Socio-Culture et VIH-SIDA au Cameroun Antoine Socpa Le VIH/SIDA représente l’un des plus grands défis de santé et de développement qui comporte un impact sur les bases sociales, économiques et démographiques du développement. Cette étude repose sur le postulat selon lequel la propagation du VIH en Afrique serait liée au comportement sexuel qui est fortement influencé par les facteurs socioculturels. Depuis plusieurs années, les débats sur les infections sexuellement transmissibles (IST) en général et le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du syndrome d’immunod éficience acquise (SIDA) en particulier, rentrent dans un vaste champ de recherche multidisciplinaire. Ainsi, les spécialistes des sciences biomédicales et les chercheurs en sciences sociales sont invités à travailler sur divers aspects relevant de la sexualité, de la fécondité et de la santé de la reproduction. Cette interdisciplinarité et même cette trans-disciplinarité a l’avantage de rechercher aussi loin que possible l’origine et les causes de la maladie, surtout en ce moment où, face à l’absence de vaccin et de traitement efficace contre la pandémie, toutes les stratégies jusque-là envisagées sur le plan institutionnel ne sont pas encore parvenues à maîtriser la propagation continuelle du VIH/SIDA dans le monde en général et dans les pays pauvres en particulier. Pour le cas du Cameroun par exemple, des statistiques recueillies font état d’une progression sans cesse de la pandémie, avec une séroprévalence qui va de l’ordre de 0.5 pour cent en 1985 à environ 12 pour cent en 2002 et 5.5 pour cent depuis 2005. Face à ce phénomène, certaines études menées tendent à démontrer que les pratiques culturelles ont un rôle significatif à jouer si l’on veut agir sur l’état de santé d’une population. Aussi, est-il intéressant de s’interroger ici sur le lien (qui existe ou peut exister) entre les pratiques sexuelles dictées par une culture donnée et la propagation du virus responsable du SIDA. En d’autres termes, quelle corrélation existe-t-il entre les schèmes socioculturels d’une collectivité, ses mœurs et la propagation continuelle du VIH/SIDA ? Dans quelle mesure le changement de comportement à l’égard de ces pratiques culturelles influencerait-il les différents aspects de la propagation, du traitement et de la prise en charge de la pandémie ? Antoine Socpa 110 Cette réflexion s’appuie sur la considération générale selon laquelle l’élément culturel, sans être le seul facteur déterminant de la situation sanitaire d’une collectivité donnée, influence de manière significative le comportement sexuel des individus dans le sens de la prévention du VIH/SIDA, du traitement ou de la prise en charge des personnes infectées et/ou affectées par la maladie. À ce titre, il serait intéressant de partir des tendances théoriques culturaliste et diffusionniste qui ont été utilisées au départ pour combler le vide théorique observé, afin de faire ressortir par la suite les facteurs explicatifs de la propagation du VIH/SIDA sous l’impulsion des éléments à la fois socioculturels, économiques et institutionnels liés à la dynamique culturelle et à l’urbanisation. Les données utilisées dans cet article proviennent à la fois de la littérature et des sources primaires, notamment des observations et des enquêtes qualitatives dans les provinces du centre et du nord du Cameroun. Le VIH/SIDA comme phénomène social global L’étude des facteurs de propagation du VIH/SIDA ainsi que de ses mécanismes de transmission ont permis à différentes disciplines scientifiques, usant de techniques , méthodes et résultats qui leur sont propres, de contribuer à la compréhension du phénomène en comblant un vide théorique observé à l’origine de l’épidémie (Touré 1995:135). En effet, les spécialistes des sciences sociales et biomédicales ont jeté leur dévolu dans la recherche sur le sida au détriment des études sur les pathologies infectieuses (Rosenheim et Itoua-Ngaporo 1989). L’ampleur de ces réflexions a fait de cette épidémie la « maladie du Siècle » tant il est vrai que presque toutes les instances de la société ont été interpellées. Qu’il s’agisse des décideurs, chercheurs de toutes les disciplines scientifiques, que des personnes...

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