Les Couture et les Blanchette: De fil en aiguille

Une question d'imprégnation: Réflexions, anecdotes et fantaisies biographiques d’un universitaire retraité

ne question d’imprégnation Réflexions, anecdotes et fantaisies biographiques d’un universitaire retraité1 Pierre Couture Il est surprenant d’établir un parallèle entre certains choix de vie et l’histoire de quelques ancêtres que nous croyions bien loin derrière nous, mais qui demeurent omniprésents dans notre quotidien. C’est dans la suite de cette constatation que se situent ces quelques réflexions et anecdotes qui me viennent. On naît dans une ville et, pourtant, une nuit, on rêve, jeune adulte, d’une vie dans un ailleurs géographiquement situé que l’on n’a jamais visité. Quelques années plus tard, on est sidéré lorsqu’on commence à défricher l’histoire de ceux qui nous ont précédés. Une prise de conscience nous convainc que, finalement, leur histoire vient imprégner la nôtre. Sans exclure les réalités temporelles du moment, comment interpréter un rêve lié à un travail en Gaspésie, le choix de commencer sa vie d’adulte et sa carrière dans la région de Québec, puis la décision de les poursuivre dans le Bas-Saint-Laurent, à l’Université du Québec à Rimouski? 1. Remerciements à Jean Lacoste, mon cousin, pour les précieux renseignements fournis et sa grande générosité à partager les informations qu’il a recueillies à la suite de nombreuses heures de recherche au Centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). 4 Les Couture et les Blanchette – De fil en aiguille LE DÉBUT DE L’AFFAIRE C’est une histoire qui débute je ne sais quand ni comment. Cependant, pour les besoins de la cause, campons le décor vers le début du XVIIe siècle, au moment où un dénommé Guillaume Couture convole en justes noces avec Madeleine Mallet en Normandie (circa 1612). Par la suite, pour ce qui est de l’installation en Nouvelle-France de son fils Guillaume, reportons-nous à Patrick Couture (), qui établit les premiers jalons de l’histoire, et met, pour ainsi dire, la table de la façon suivante: Guillaume Cousture est originaire de Saint-Godard-de-Rouen, en Normandie, où il est né en 1618. Il est le fils de Guillaume et de Madeleine Mallet. Il arrive en Nouvelle-France vers 1640. À son arrivée, il se met au service des Jésuites qui lui assurent le gîte et la nourriture. Il exerce ses talents de charpentier et apprend plusieurs dialectes indiens. En 1642, il participe à une expédition en huronnie en compagnie des pères Isaac Jogues et René Goupil. Ils sont attaqués par une troupe d’Iroquois dans la région du Lac St-Pierre. Au cours du combat, Guillaume tue l’un des chefs indiens d’un coup d’arquebuse. Capturé, il est torturé sévèrement avant d’être mis en captivité. Il demeure ainsi chez les Iroquois pendant trois ans. En 1647, Guillaume Cousture s’établit à Lauzon. Le 18 novembre 1649, il se marie avec Anne Aymard à Lévis. De ce mariage naissent dix enfants. Après avoir servi comme interprète dans diverses expéditions, il est nommé capitaine de milice de la côte de Lauzon, puis juge sénéchal, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort le 4 avril 1701. Il est à noter que le patronyme Couture s’écrit également Cousture. Un fac-similé de la signature de notre ancêtre Guillaume montre bien l’utilisation de la forme Cousture2. Ces quelques traits de plume, à la manière des impressionnistes, dressent le portrait suivant: «Un patriarche courageux, capable de sacrifices et de dévouement au service de l’Église et de la Patrie3…» Notre ancêtre savait rapidement où était son intérêt et il savait aussi faire preuve d’opportunisme. C’était un colon typique qui répondait aux 2. Document personnel. Héroïque générosité de notre ancêtre Guillaume Couture: il se constitue prisonnier avec le père Jogues. 3. La Voix de Guillaume, no 1, avril 1987. Une question d’imprégnation – Réflexions, anecdotes et fantaisies... 5 critères de l’intendant Talon pour développer les environs de Québec.« Les colons isolés qui s’aventurèrent sur la rive sud, où il n’y avait encore aucun établissement, devaient avoir des caractères...