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Chapitre 1. Représentation de la connaissance
- Presses de l'Université du Québec
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chapiTre 1 représenTaTions de la connaissance1 Croyances, conceptions, convictions, théories, représentations sont, notamment, autant de termes sur lesquels il convient de s’arrêter pour introduire le thème des idées, implicites ou non, que les individus élaborent au sujet de l’intelligence et de son développement. Comme nous le verrons tout au long de ce chapitre, des dimensions conceptuelles diverses correspondent parfois à une terminologie différente. Mais les éléments qui sont en jeu ne sont pas toujours clairement reconnaissables ni attribuables à une seule étymologie; le plus souvent, les auteurs et auteures que nous citerons emploient ces termes en les mettant en interaction réciproque. Par exemple, le terme « croyances » est utilisé en termes de systèmes de représentations de la réalité, ou bien les termes«croyances» et «conceptions» sont utilisés en tant que synonymes, mais aussi le terme «conceptions» est utilisé comme théories explicites sur la connaissance. La difficulté principale rencontrée pour définir les limites de ces termes se situe probablement dans le rapport étroit qu’ils entretiennent avec la connaissance et avec le système des savoirs en général. Comment 1. Ici au singulier, la connaissance, comme ce serait le cas pour le savoir, fait référence au savoir structuré et relativement stabilisé, ayant une certaine reconnaissance par un groupe éducatif, par exemple. 8 Conceptions de l’intelligence et pratiques éducatives la transmission des connaissances a-t-elle lieu? Dans quelles sphères les individus introduisent-ils leurs dimensions les plus personnelles en créant ces formes de connaissances qui prennent par la suite le nom de croyances, de conceptions, par exemple? On passe, en effet, de l’idée que les croyances sont des connaissances sélectionnées selon des critères subjectifs, à l’idée que les connaissances ont été, dans un premier temps, des croyances. Dewey (1933) considérait déjà que ce que nous acceptons comme vrai aujourd’hui, en lui accordant un statut de connaissance (ou de savoir), pourrait être réinterrogé demain et devenir une croyance. S’occuper des implications terminologiques signifie non seulement essayer d’éclaircir des termes que nous emploierons mais aussi la formation des croyances et leur rapport à la connaissance. Même s’il s’agit d’un point qui a suscité un intérêt croissant ces vingt dernières années, une définition largement partagée de ce paradigme ne lui a pas fait écho. La compréhension des croyances et de leur nature est passée à travers la définition de ce qu’est la connaissance et en particulier des sources qui donnent naissance à une croyance. Questions de réflexion Nommer deux savoirs liés à l’apprentissage des élèves. Nommer deux connaissances que vous avez liées à l’apprentissage des élèves. Nommer deux croyances que vous avez liées à l’apprentissage des élèves. Quelles différences y a-t-il entre croyances et connaissances? rapporT enTre croyances eT connaissances Comme le relèvent Doudin, Pons, Martin et Lafortune (2003), les croyances représentent un concept difficilement opérationnalisable, polys émique et qui ne peut se réduire à une définition unique et reconnue. Comme nous le verrons dans ce qui suit, les différentes définitions sont parfois en contradiction et difficilement comparables. Pour donner une mesure de la variété des définitions de ce concept, nous pouvons commencer par comparer celle de Goodenough (1963), plus restrictive, [3.233.232.21] Project MUSE (2024-03-29 07:04 GMT) Chapitre 1 — Représentations de la connaissance 9 qui se limite aux phrases considérées comme vraies avec – à l’extrême opposé – celle de Rokeach (1968) qui a proposé une définition très large du concept de «croyances» en faisant référence à toutes les phrases qui commencent par «je crois que». Dans le premier cas, on souligne la nature individuelle et idiosyncratique des croyances comme fruit de l’expérience personnelle: elles sont chargées d’une dimension affective et de jugement . La connaissance requiert, par contre, une garantie épistémique afin d’être notamment partagée par une communauté de personnes. Dans le deuxième cas, l’auteur fait référence au système des croyances comme à un ensemble éclectique de règles, de généralisations, d’opinions, de valeurs et d’attentes regroupées dans un système plus ou moins structuré dans lequel croyances et connaissances se distinguent plus...