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C H A P I t r e 4 la forMatIon synDIcale cHez les Métallos (1975-1990) Dans ce chapitre, Michel Blondin décrit la formation syndicale de type conscientisant que lui et son équipe ont élaboré chez les Métallos et qui subsiste encore aujourd’hui, dans les années 2010, à la FTQ. Ce récit permet de comprendre la mise en œuvre d’une pédagogie orientée vers la valorisation du savoir ouvrier, l’autonomie, le développement de la conscience critique et la mobilisation. Cette narration s’avère instructive pour quiconque voudrait reprendre ce type de démarche dans un autre milieu. L’environnement de la coopération internationale que quitte le narrateur et le monde ouvrier des Métallos qu’il intègre représentent deux univers passablement différents. Pour Michel Blondin, la formation syndicale lui permet d’une certaine manière de renouer avec l’animation sociale, et plus particulièrement, avec la culture ouvrière et la formation de leaders appartenant à la base d’un mouvement social. Outre cet intérêt pour le milieu ouvrier que lui a insufflé son père, comme on l’a vu dans le premier chapitre, Michel Blondin veut soustraire son intervention aux limites des organismes communautaires, notamment la précarité des ressources et le caractère éphémère de la présence des leaders. Le mouvement syndical lui paraît plus robuste et lui permettra, croit-il, de mettre en place des mécanismes durables d’éducation en faveur du changement social. Michel Blondin accepte donc le mandat de développer la formation de formateurs ouvriers qui assumeront les activités d’éducation syndicale de base et la formation sur d’autres thèmes, notamment la santé et la sécurité au travail. La perspective du Syndicat des Métallos consiste à développer une formation par les pairs pouvant contribuer à la démocratisation syndicale, c’est-à-dire favoriser la prise de parole, 98 Innover pour mobiliser susciter des initiatives de la part des syndiqués sur le plan de l’action, faire naître des leaders parmi la base syndicale et renforcer le leadership des représentants syndicaux. Avec son équipe, Michel Blondin élabore une pédagogie ouvrière basée sur l’autoformation, c’est-à-dire une pédagogie expérientielle recourant à des méthodes actives et participatives, permettant aux participants de contribuer largement au contenu de la formation et cultivant chez le formateur la capacité de se réajuster de façon autonome. L’inspiration vient de l’éducation populaire pratiquée en Amérique latine et du courant de la conscientisation développé par le pédagogue brésilien Paulo Freire (voir le chapitre précédent). Aux fins d’intégration et de connaissance du milieu, Michel Blondin consacre les premiers mois de son arrivée à une tournée des syndicats dans les différentes régions du Québec. Puis, il raconte comment a été conçue la formation des formateurs, décrit sa pratique et indique les obstacles rencontrés ainsi que les appuis dont elle a bénéficié. une décision à prendre En février 1975, je reçois un coup de téléphone de Jean-Marc Carle, le frère de Gilles Carle. Jean-Marc est responsable de l’information au Syndicat des Métallos. Je l’ai connu à l’occasion de mon travail de conseiller à l’Action sociale étudiante, qu’on appelait aussi les Travailleurs étudiants du Québec, vers 1965 ou 1966. À ce moment, des travailleurs étudiants collaboraient avec le milieu syndical et l’occasion m’avait été donnée de rencontrer quelques dirigeants de la FTQ, dont le directeur des Métallos, Jean Gérin-Lajoie. Jean-Marc Carle me demande de le rencontrer en me disant: «Notre responsable de la formation est décédé l’an dernier. On a quelqu’un qui s’en occupe temporairement. Le directeur, Jean GérinLajoie , a des projets de formation. Personne de l’intérieur ne peut le faire. Nous avons consulté quelques personnes, dont Guy BeaugrandChampagne , et tous nous disent la même chose. Il n’y a qu’un gars au Québec capable de le faire, c’est Michel Blondin. Il est au SUCO, allez le chercher.» Je lui réponds que je n’ai jamais envisagé d’aller travailler dans le milieu syndical, un milieu que je connais peu d’ailleurs. Cependant, je lui demande de me...

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