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CONCLUSION dominique damant Université de Montréal simon Lapierre Université d’Ottawa Les douze textes réunis dans cet ouvrage reflètent une pluralité de disciplines et de perspectives théoriques, mais toutes les auteures posent un regard critique sur certaines dimensions de la maternité comme institution sociale patriarcale. Dans l’ensemble, ces contributions confirment l’existence d’un discours dominant et institutionnalisé, qui contribue à la régulation des femmes et de leur maternité. Les normes et les règles auxquelles les femmes doivent obéir pour être perçues comme de «bonnes» mères, qui se manifestent dès la grossesse et les premiers instants de la vie de l’enfant, sont multiples; les attentes sont élevées, irréalistes, parfois même contradictoires . Les contributions réunies dans cet ouvrage rendent aussi visibles la réalité et l’expérience de la maternité dans différents contextes sociaux – incluant les contextes d’itinérance, de toxicomanie, de violence et de pauvreté – et mettent en évidence les tensions entre une vision idéalisée et la réalité à laquelle ces femmes sont confrontées. À cet effet, certains textes donnent la parole aux femmes elles-mêmes, d’autres à des intervenantes – des femmes la plupart du temps – qui travaillent auprès d’elles. Dans la plupart des chapitres, les auteures font état des enjeux liés à la mise en œuvre des politiques sociales et des pratiques d’intervention, en contexte institutionnel ou communautaire. Au terme de cet ouvrage, il nous apparaît important de définir, à partir d’éléments soulevés dans les chapitres précédents, un certain nombre de principes qui devraient être intégrés dans l’intervention auprès des femmes en tant que mères. 252 Regards critiques sur la maternité dans divers contextes sociaux 1. Pistes Prometteuses Pour L’intervention auPrès des femmes en tant Que mères À partir d’éléments soulevés dans les chapitres précédents, nous avons défini six principes pour l’intervention auprès des femmes en tant que mères. Il est d’abord important de rappeler que les politiques et les pratiques doivent aussi considérer que toutes les femmes ne veulent pas nécessairement être mères. 1.1. reconnaître que toutes les femmes ne veulent pas être mères Il est faux de prétendre que toutes les femmes veulent éventuellement avoir des enfants, ou même que toutes les femmes qui ont des enfants souhaitaient être mères. Il est pourtant très facile de penser que toutes les femmes veulent avoir des enfants, puisque la maternité est souvent perçue comme une dimension qui s’inscrit «naturellement» dans l’identit é féminine – l’idée qu’il existe un «instinct maternel» est d’ailleurs une bonne illustration de cette croyance populaire. La décision d’une femme de ne pas avoir d’enfants risque ainsi d’être interprétée comme le résultat d’un problème, de difficultés personnelles, conjugales ou familiales. Il est également très facile de tenir pour acquis que l’annonce d’une grossesse est nécessairement perçue comme une bonne nouvelle, comme une occasion de réjouissances. Dans ce contexte, les intervenantes doivent d’abord être conscientes de ce que la maternité représente pour elles. Elles doivent être conscientes des représentations qui les habitent, de leurs croyances et de leurs valeurs personnelles face à la maternité, ainsi que de la manière dont celles-ci sont susceptibles de teinter leurs interventions auprès des femmes. Dans leur travail auprès des femmes, elles doivent être ouvertes à entendre l’ambivalence de certaines femmes face à la maternité tout comme le choix d’autres femmes de ne pas avoir d’enfants, en reconnaissant que le contexte social actuel n’encourage pas un tel positionnement (à moins que les femmes ne correspondent pas aux représentations de la «bonne» mère). 1.2. Être consciente que les représentations de la «bonne» mère ne correspondent pas à la réalité et que les pratiques maternelles ne sont pas universelles Les représentations de la «bonne» mère s’inspirent d’une vision idéalisée de la maternité, qui correspond rarement à la réalité. La maternité est complexe et, considérant les attentes élevées, rares sont les femmes qui estiment qu’elles sont toujours de «bonnes» mères. Par ailleurs, le contexte dans lequel vivent certaines femmes rend encore plus difficile l...

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