Intervention cognitivo-comportementale auprès des enfants et des adolescents, Tome 2: Troubles de comportement

Chapitre 10. Les interventions psychosociales auprès d’enfants présentant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité

Les interventions psychosociales auprès d’enfants présentant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité Marie-France Nadeau, Ph.D. PSYCHOLOGUE Équipe de recherche «Ces années incroyables», École de psychoéducation, Université de Montréal Professeure adjointe, Département de l’enseignement au préscolaire et au primaire, Université de Sherbrooke Sylvie Normandeau, Ph.D. PROFESSEURE TITULAIRE École de psychoéducation, Université de Montréal Directrice scientifique, Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire Line Massé, Ph.D. PROFESSEURE TITULAIRE Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières, Groupe de recherche et d’intervention sur l’adaptation psychosociale et scolaire Chercheure, Centre de recherche Fernand-Seguin, Hôpital Louis-H. Lafontaine Chercheure associée, Hôpital Rivière-des-Prairies Julie Lessard, Ph.D. PROFESSEURE ADJOINTE Département des fondements et pratiques en éducation, Université Laval, Centre de recherche sur l’adaptation des jeunes et des familles à risque Chapitre 10 30 Intervention cognitivo-comportementale auprès des enfants et des adolescents–Tome 2 1. La présentation de la problématique Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se caractérise par des manifestations primaires (inattention, hyperactivité, impulsivité) qui nuisent à l’adaptation psychosociale et scolaire des enfants et des adolescents qui en sont atteints. Le chapitre précédent a déjà défini de manière détaillée les caractéristiques du TDAH et les stratégies d’intervention comportementale. Nous insisterons ici sur deux points: l’hétérogénéité des manifestations du trouble et la présence importante de troubles comorbides. Comme dans les autres chapitres, une vignette clinique servira à illustrer diverses manifestations du trouble, ainsi que l’évaluation et la mise en application de certaines stratégies d’intervention permettant de les pallier. Olivier a 8 ans. Il est en 2e année du primaire. Olivier présente un défi particulier pour ses parents. Il n’obéit pas aux demandes simples comme s’habiller le matin ou prendre un bain le soir (parfois par oubli, parfois parce qu’il n’en a pas envie), mentionne qu’il déteste l’école (parce qu’il n’a pas d’ami et qu’il n’est pas bon pour apprendre) et a des réactions exagérées lorsqu’il se fait dire non. 2. L’évaluation Les principes de base guidant l’évaluation des enfants souffrant de TDAH ont déjà été présentés dans le chapitre précédent. Ce qui complexifie la tâche d’évaluation et de traitement du TDAH, c’est l’ampleur, l’intensité et la variabilité des manifestations d’un enfant à l’autre. Par exemple, certains enfants présentent des difficultés d’apprentissage considérables, alors que d’autres ont surtout des difficultés à initier ou à maintenir une relation harmonieuse avec les membres de leur entourage. Ces éléments doivent être pris en considération lors du choix des interventions. Il est essentiel, en plus d’une bonne évaluation diagnostique, que les agents du développement de l’enfant (parents, éducateurs, enseignants, intervenants) travaillent ensemble et évaluent bien le fonctionnement de l’enfant au quotidien (p. ex., son histoire scolaire et sa réussite à l’école, son adaptation sociale, son autonomie dans les leçons et devoirs, sa facilité à passer d’une activité à l’autre, son obéissance aux demandes de personne en autorité, sa facilité à entretenir des relations d’amitié), pour mieux déterminer les cibles d’intervention prioritaires favorisant son adaptation. Pour évaluer les difficultés d’Olivier, un psychologue a d’abord procédé à une évaluation clinique. Il a administré le Diagnostic Interview Schedule for Children-IV (Shaffer et al., 2000) à la mère. La mère et l’enseignant ont ensuite rempli l’échelle comportementale de Conners (2008). Le psychologue a également évalué le fonctionnement intellectuel d’Olivier. Olivier ne présente pas de retard intellectuel ni de problèmes de langage. À partir des observations cliniques et des résultats aux LE CAS D’OLIVIER 31 Les interventions psychosociales auprès d’enfants présentant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité instruments de mesure, le médecin de famille a confirmé la présence d’un TDAH de type mixte (inattention et impulsivité/hyperactivité), avec des comportements oppositionnels . Malgré leurs réticences, les parents ont accepté d’administrer du...