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Chapitre 15. Les nouvelles technologies de l’information et le traitement de l’anxiété chez les jeunes
- Presses de l'Université du Québec
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Les nouvelles technologies de l’information et le traitement de l’anxiété chez les jeunes Cidália Silva, M.Ps. DOCTORANTE EN PSYCHOLOGIE Département de psychologie, Université du Québec en Outaouais, Laboratoire de cyberpsychologie Coordinatrice de recherche, Centre d’expertise pour personnes victimes de brûlures graves de l’Ouest du Québec, Centre hospitalier de l’Université de Montréal Stéphane Bouchard, Ph.D. PROFESSEUR Département de psychoéducation et de psychologie, Université du Québec en Outaouais, Laboratoire de cyberpsychologie Claude Bélanger, Ph.D. PROFESSEUR TITULAIRE Département de psychologie, Université du Québec à Montréal Professeur adjoint, Département de psychiatrie, Université McGill Clinicien chercheur, Clinique des troubles anxieux, Institut Douglas en santé mentale Chapitre 15 176 Intervention cognitivo-comportementale auprès des enfants et des adolescents–Tome 2 1. Les limites des techniques d’exposition traditionnelles L’efficacité de l’approche cognitivo-comportementale dans le traitement des troubles anxieux a été démontrée à plusieurs reprises dans les travaux de recherche réalisés autant chez les adultes que chez les enfants. Le succès thérapeutique de cette approche est attribuable en grande partie à l’utilisation de techniques d’exposition (Barrett, 2009; Carr, 2009; Cartwright-Hatton et al., 2004). En dépit de l’efficacité de l’exposition , les conditions entourant sa mise en place ne sont pas toujours optimales et on observe parfois des contraintes pouvant nuire au bon déroulement du processus thérapeutique. En effet, que l’exposition se déroule en imagination ou in vivo, l’intervenant possède un contrôle limité sur l’environnement et sur certains paramètres entourant l’exposition (Bouchard et al., 2003). Par exemple, dans l’exposition en imagination , il est très difficile pour le thérapeute de savoir exactement ce à quoi s’expose le client pendant les exercices. Il est également difficile de prévoir précisément l’intensité de l’anxiété suscitée par le stimulus phobogène, qu’il soit imaginé ou réel. En outre, la spécificité de certains troubles anxieux et de certaines situations anxiogènes entrave parfois le travail de l’intervenant et peut rendre l’exposition in vivo difficile, voire impossible; pensons, par exemple, à l’imprévisibilité du comportement des animaux ou à l’incapacité à prévoir et à contrôler les conditions météorologiques . Des situations imprévisibles survenant pendant les exercices d’exposition peuvent aussi perturber le processus thérapeutique, en suscitant plus d’anxiété que prévu. Par exemple, dans le traitement d’une phobie des chiens, un enfant pourrait faire face dès les premières étapes à un chien qui se montre très excité et qui commence à aboyer ou à le mordiller. Un tel incident pourrait aussi discréditer le processus thérapeutique aux yeux de l’enfant et nuire au lien de confiance envers le thérapeute. Pour un jeune qui souffre d’anxiété, affronter un stimulus phobogène s’avère souvent très difficile. Certains enfants, par crainte de se retrouver face à un objet ou une situation trop anxiogène au moment de l’exposition, peuvent même décider de mettre fin à leur démarche thérapeutique. Si la situation appréhendée se contrôle difficilement, sans que le jeune ne soit adéquatement préparé, l’anxiété déclenchée par le stimulus phobogène peut donc déclencher des comportements d’évitement. Il est donc primordial de bien préparer le jeune à l’exposition et d’essayer le plus possible de prévenir les difficultés. L’exposition implique également des coûts économiques importants en ce qui a trait au temps et aux honoraires professionnels, en plus des coûts encourus par certains types d’exposition, par exemple dans le cas de la phobie des avions. Ces coûts peuvent empêcher les jeunes ou leur famille d’avoir accès à un traitement (Stephens et Joubert, 2001). D’autres facteurs associés à l’exposition in vivo peuvent limiter l’accessibilité aux services, comme la difficulté des jeunes à adhérer à un traitement , le manque de confidentialité du processus thérapeutique, la peur d’être stigmatis és, les horaires peu flexibles des familles ou encore le manque de ressources professionnelles spécialisées dans certaines régions (Rickwood, Deane et Wilson, [34.227.191.136] Project MUSE (2024-03-28 17:17 GMT) 177 Les nouvelles technologies de l’information et le traitement de l’anxi...