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coNcLusIoN la muséologie entre PratiQue ProFessionnelle exPerte et chamP scientiFiQue anik Meunier et audrey Quintane il s’ensuit que ce que l’on nomme épistémologie est toujours menacé de n’être qu’une forme de discours justificateur de la science ou d’une position dans le champ scientifique ou encore une reprise faussement neutralisée du discours dominant sur elle-même. Pierre Bourdieu, 2001, p. 19 Cet ouvrage, par les diverses contributions qu’il a réunies, aborde tant le champ scientifique de la muséologie que le terrain de son action qui est, bien sûr, le musée et les expositions. Il s’intéresse aussi à l’éducation qui est, comme on le sait, la mission fondamentale du musée. Celle-ci est envisagée comme un axe à partir duquel gravitent bon nombre d’autres fonctions du musée en lien avec les collections, comme la conservation, l’étude et la recherche, la valorisation, qui tendent à se transformer et, de fait, à redéfinir le musée. Par exemple, les registres de collectionnismes se diversifient selon l’acception des définitions de la culture et du patrimoine, et l’autorité des musées en matière d’interpr étation des collections est aussi mise en cause. «De la notion simple d’un musée comme ensemble cohérent de collections, clairement délimit ées et hiérarchisées, agencées dans des buts clairs et univoques, on est passé à une image à la fois plus floue et plus complexe au service d’une multiplicité d’intérêts divergents, sinon contradictoires» (Poulot, 2005, p. 107-108). Partant, l’ouvrage fait état de quelques-unes des transformations des musées qui induisent ou imposent des changements dans le champ scientifique de la muséologie, mais aussi dans les formations préparant aux métiers des musées. Des exemples et des études de cas nous permettent de constater, mais aussi de contraster les résultats de la transformation sociale des musées. L’utilisation du mot champ renvoie à deux orientations divergentes. Le mot muséologie est lui-même indistinctement employé pour désigner deux choses très différentes, à savoir, d’un côté, un champ scientifique , et de l’autre, un domaine professionnel. En effet, un champ scientifique, au sens de Bourdieu, décrit la logique de fonctionnement d’un champ de production symbolique parmi d’autres, un champ intellectuel et artistique par exemple. Bourdieu s’est employé à déterminer comment les lois se spécifient dans le cas particulier d’un champ scientifique et, plus précisément, quelles sont les conditions et les déterminations sociales qui s’y déploient ou qui l’orientent. Il identifie dans cette logique des mécanismes génériques comme ceux qui régissent, dans tout autre domaine, l’acceptation ou l’élimination des nouveaux entrants, ou la concurrence entre les différents acteurs et producteurs sociaux, relativement indépendants de leurs conditions sociales de production que sont les vérités scientifiques. Un glissement dans l’emploi du mot champ tend à lui faire désigner en muséologie aussi bien la recherche scientifique que les pratiques professionnelles. Cette superposition concourt à rendre ambigu et à mettre en tension le champ scientifique proprement dit et l’univers des pratiques professionnelles, notamment lorsqu’elles tendent à l’autoréflexivité. Plusieurs contributeurs de cet ouvrage restent perplexes quant à la légitimité du champ scientifique de la muséologie. C’est pourtant à partir de quelques-unes des pistes de réflexion, qui ont été abordées dans les textes qui composent cet ouvrage, que l’on peut dégager certains axes pour ouvrir des voies à la recherche en muséologie. Quasiment tous les auteurs soulèvent le vide, sinon le flou théorique du champ scientifique de la muséologie. Pourtant, il est indéniable que plusieurs d’entre eux ont produit des connaissances sur les musées et les expositions. Ils ont ainsi alimenté cette interdiscipline, prise au sens d’Ollivier (2001), qui suggère la mise à contribution de plusieurs disciplines pour constituer un objet de recherche en articulant des problématiques . Il n’existe peut-être pas une historiographie ni une histoire des musées, ce qui a déjà été déploré par Poulot (1992), mais ne peut-on pas considérer que la muséologie possède une histoire, au moins susceptible de constituer certaines des assises de son cadre de référence ? Toujours en se rapportant au...

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