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Data/Chair Médiation du corps comme matière et information Traduction d’Ernestine Daubner PAYS-BAS Miriam VAN RIJSINGEN Miriam van Rijsingen, Ph .D ., est historienne d’art à l’Université d’Amsterdam; elle est aussi codirectrice de l’Arts & Genomics Centre aux Gorleus Laboratories de Leyde, aux Pays-Bas . Elle a lancé le programme de recherches New Representational Spaces et publié un livre sur les résultats de ces recherches: What is the Matter in ArtScience? Van Rijsingen a également publié ‘‘Framing Interiority: Portraits in the Age of Genomics’’, dans The Body Within . Art, Medicine and Visualization, 2009 . Elle a en outre codirigé la publication de Difference on Display (Amsterdam, NAI), un livre et une exposition sur la (non)normalité, en 2009 . Elle est engagée dans la mise en place d’un StudioLab plus permanent à l’Université de Leyde . Deux installations En 1995, l’artiste canadienne Louise Wilson a présenté une installation intitulée Possessed . C’était un divan, du genre divan de psychanalyste, sur lequel on pouvait s’allonger sous un moniteur avec une image du cerveau de l’artiste obtenue par imagerie par résonance magnétique (IRM) . Une fois allongé, on entendait une voix douce, méditative qui rassurait le sujet et le persuadait ensuite qu’une de ses mains était engourdie . La voix lui demandait de toucher la tache rose sur le moniteur pour calmer toute douleur ou sensation désagréable . Après attouchement de la tache rose, celle-ci disparaissait progressivement . Cette installation est un excellent exemple de la recherche sur «les aspects perceptuels, sociaux et transformables de la science et de la technologie1 » menée par Wilson . Pour cette installation spécifique, l’artiste s’était soumise à un programme de recherche médicale sur le sommeil, le rêve et 1 . Commentaires de l’artiste, , Journal of the History of Art, Zagreb . 334 Bioart la mémoire qui faisait appel à la spectroscopie par résonance magnétique (SRM) et à l’IRM . La question centrale dans la recherche de Wilson est la double contrainte du corps: un corps vécu (corps perceptif, corps d’expérience) et un data-body . «Être le sujet d’une étude de laboratoire, c’est potentiellement voir son corps comme un site générique […] Dans le laboratoire, le corps vécu, avec sa progéniture virtuelle, se sépare du data-body2», explique-t-elle . Wilson considère les recherches en laboratoire comme une «industrie» guidée par le vol de données du corps sensoriel matériel . Cette installation ne se veut pas uniquement une réponse critique à ces pratiques de la recherche; elle implique un processus performatif, une sorte de réparation de la séparation dans et par le corps du spectateur/participant . On pourrait aussi parler de boucle rétroactive . Ce qui importe, pour Wilson, c’est de se concentrer sur les frontières entre la matérialité du corps vécu et les informations du data-body et de permettre aux participants d’éprouver ces frontières . J’irai un peu plus loin dans le corps lui-même que le point de vue de Wilson, à un microniveau qui incarne (tel quel) la double contrainte elle-même, soit le gène et le génome humain . En 2001, la National Portrait Gallery de Londres a présenté un portraitADN du généticien Sir John Sulston3 . Ce portrait, œuvre de l’artiste anglais Marc Quinn, est composé de petites boîtes de Petri rectangulaires et d’un cadre réflecteur où sont visibles des perles de matière humide transparente . Ce sont des colonies de bactéries développées à partir d’une seule cellule contenant de l’ADN de Sulston, dont la croissance a été arrêtée au moment où elle est devenue visible . La présentation (ou installation) est significative . Avant de voir le portrait lui-même, le visiteur est confronté à des textes informatifs expliquant l’ADN et la façon dont il peut être «lu» . Il est informé des derniers «résultats de lecture» d’une séquence d’ADN en cours, en direct de l’institut Sanger . Ainsi bien renseigné, il entre dans une petite pièce noire dans laquelle le portrait lui-même est accroché, bien éclairé par un rayon lumineux . Le commentaire du critique d’art du Guardian, Jonathan Jones, est évocateur: Cela ressemble à une icône religieuse . En tant qu’œuvre d’art, elle plaît et séduit...

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