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5. Connectivité
- Presses de l'Université du Québec
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5 CONNECTIVITÉ Renato A. Tagnin et Lourdes Alves de Souza La connectivité apparaît comme l’une des questions centrales dans l’articulation entre université et communauté, ayant en vue l’atteinte d’objectifs qui embrassent tant les processus technologiques, éducatifs et formateurs (Mafra, 2007) que les perspectives d’arriver à la durabilité à l’intérieur des initiatives de développement local. La connexion ici considérée est celle qui a le potentiel d’attribuer un sens, d’éduquer, de transformer, de donner le pouvoir, d’émanciper (Mafra, 2007), d’intégrer des cultures, d’articuler des règles sociales, de relier des savoirs, de franchir des obstacles, d’augmenter la créativité et d’ouvrir à de nouvelles perspectives (Morin et Kern, 2003). L’établissement de réseaux de connexion facilite la possibilité de rencontre et de dialogue, comme le requiert la recherche de durabilité. Il présuppose le resserrement des liens entre différentes dimensions (sociale, économique, environnementale, etc.) et différents acteurs sociaux, refaisant ou construisant des attaches avec une perspective de survivance, réagissant à la destruction des bases physiques et du tissu vivant qui maintiennent les processus essentiels, non substituables technologiquement. Dans cette synergie, la vie est seulement possible si elle est entourée de connexions entre un ensemble d’êtres et de processus physiques, chimiques, etc. (Capra, 2003 et 2004; Johnson, 2003; Morin et Kern, 2003), à tous les niveaux (micro/macro – local, régional, global, etc.). En ne les considérant pas afin d’obtenir des avantages à court terme, on défait cette toile (Capra, 2004), comme l’attestent plusieurs faits constatés de la crise globale, aussi connue comme crise de paradigmes, de civilisation et de survivance. 132 Lerôledel’universitédansledéveloppementlocal•Expériencesbrésiliennesetquébécoises Surmonter cette crise requiert une compréhension des processus vitaux de même que des activités humaines orientées vers une perspective de subsistance, demandant des efforts collectifs. Réseaux, efforts partagés qui, en plus d’être inhérents à la vie en soi (Martinho, 2003), marquent le ton des avancements en science, en application de technologie et pour l’ensemble des relations humaines. Est ici considéré comme réseau social (Dabas, 1998), un système qui réunit personnes et organisations de la façon la plus égalitaire et démocratique possible afin de construire de nouveaux engagements qui bénéficieront à la vie des communautés, en comprenant toutefois que les réseaux en fonction sont, en soi, le développement même (Franco, 2006). Le réseau est également une stratégie de renforcement politique et social; une force politique qui se construit autour de pactes entre acteurs sociaux en vue de réaliser des actions et des projets qui promeuvent ce développement social. L’élaboration de structures horizontales et démocratiques comme forme d’organisation est un mouvement croissant qui dépend beaucoup de la flexibilité et du changement de modèle mental (Senge, 2003). On a de plus en plus recours à diverses formes de coopération dans des domaines différents, spécialement lorsqu’il est nécessaire d’interpréter des phénomènes ou de résoudre des problèmes qui ne tiennent pas leur origine ni se manifestent exclusivement sous des aspects ou des territoires circonscrits. La transdisciplinarité (Nicolescu, 1999), en mettant les projecteurs sur les phénomènes intrigants et menaçants (crises climatiques, financières, sociales) à l’échelle planétaire, gagne en soutien et en reconnaissance, favorisant de nouvelles bases pour revoir et élargir les perspectives pour les surmonter. Cette connexion de savoirs délimitait déjà l’intensité et l’échelle des transformations nécessaires comme étant de beaucoup supérieures à ce qui est offert par différents segments sociaux et structures institutionnelles à travers le monde comme réponse à la crise. Pour être en mesure de stabiliser, dans un futur proche, quelques processus qui ont déjà fait surface (comme le manque d’eau, le réchauffement global et l’extinction d’espèces), de telles transformations demanderaient des révisions radicales des habitudes de vie personnelles, des pratiques sociales, des activités économiques, des technologies, des paradigmes et des politiques de développement. Par où commencer et comment obtenir l’adhésion nécessaire (Dowbor, 2001) des différents acteurs sociaux pour voir des changements d’une telle amplitude? Les communautés locales constituent l’un des foyers stratégiques pour venir au...