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INTRODUCTION L’engagement de l’université dans le développement de sa collectivité Gaëtan Tremblay Ce livre sur le rôle des universités dans le développement local, dans la perspective d’une approche systémique, écologique et territoriale, vient couronner un cycle de recherches collectives étendu sur quelques années (de 2005 à 2010) qui a constitué à plusieurs égards une expérience novatrice, stimulante et enrichissante. Son objet même, l’extension universitaire ou les services à la collectivité, la troisième composante de la mission universitaire avec – mais venant trop souvent après – la formation et la recherche, est relativement peu étudié, peu considéré. À peine quelques articles et de rares ouvrages lui ont-ils été consacrés au fil des ans. Il est pourtant de plus en plus au cœur des interrogations sur la place et le rôle des universités dans la société. Création originale de l’Occident, née au XIIe siècle, en continuité avec les écoles cathédrales, l’université a longtemps été réduite à quelques facultés: théologie, arts, médecine et droit (Vauchez, 2009). Au fil des siècles, et surtout à partir de la révolution industrielle, elle s’est enrichie de nouvelles disciplines et de nouveaux champs du savoir. Traversant 2฀ Le฀rôle฀de฀l’université฀dans฀le฀développement฀local฀•฀Expériences฀brésiliennes฀et฀québécoises crises et transformations répétées, elle s’est maintenue jusqu’à nos jours comme une institution dédiée principalement à la formation supérieure et à la recherche. Souvent qualifiée de tour d’ivoire, vivant en marge du monde, elle a tout de même intégré depuis près d’un siècle une fonction d’extension, comme on le disait au Québec jusqu’aux années 1970 et comme on le dit encore maintenant au Brésil. Édouard Montpetit, le père de la formation en science économique au Québec, n’écrivait-il pas, dès 1931, dans un article sur le rôle des universités, repris ultérieurement dans un recueil de ses textes: À la recherche s’ajoute un moyen de vulgarisation développé depuis quelque temps: l’extension universitaire qui porte l’enseignement au-dehors et jusqu’au peuple. Pour les sciences sociales, ce mode est particulièrement intéressant. C’est une diffusion d’un autre genre que l’échange des professeurs allant d’une université à l’autre, ou dans des écoles internationales, dire les résultats de leurs travaux et faire bénéficier les étrangers de leur savoir (Édouard Montpetit, 1942, p. 78). Mais, dès 1939, Gonzalve Poulin se plaignait du peu d’importance accordé à cette mission: «Sans doute, chacune de nos universités possède son département d’Extension universitaire; mais le travail de cet organisme s’est limité à quelques conférences publiques, sans rien de systématique et d’adapté aux classes populaires» (dans Corbo et Ouellon, 2001, p. 180). Et de plaider pour la création de véritables départements d’éducation populaire , dirigés par un comité mixte de membres de la communauté universitaire et de représentants des milieux syndicaux et associatifs comme on en trouve en Angleterre et en Scandinavie. En France également, et dès la fin du XIXe siècle, des intellectuels au rang desquels on compte Auguste Comte ont proposé diverses formules d’éducation populaire. Et le Brésil, qui a emprunté sa devise à ce dernier, est la terre qui a vu naître Paulo Freire, le père de la pédagogie des opprimés (Freire, 1977). D’une certaine manière, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a répondu au vœu de Gonzalve Poulin en créant à la fin des années 1970 son Service aux collectivités. Mais le vœu n’a été exaucé que partiellement parce que la fonction d’extension, comme on le verra à la lecture de cet ouvrage, reste toujours relativement marginale dans les préoccupations et les activités universitaires. À l’échelle internationale, le Centre pour la recherche et l’innovation dans l’enseignement de l’OCDE a organisé en 1980, à la suite d’une vaste recherche auprès des universités des pays membres, une rencontre internationale sur le thème de «L’enseignement supérieur et la collectivité: Nouvelles formes d’échanges et de coopération ». Dans la foulée, l’OCDE a publié en 1982 un ouvrage...

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