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Chapitre 12 Reconversion des héritages olympiques et valorisation de l’urbain Le stade de Montréal peut-il devenir un haut lieu de l’imaginaire géographique collectif? Romain Roult, Sylvain Lefebvre et Julien Laurent Plusieurs études récentes (Gold et Gold, 2007; Horne et Manzenreiter, 2006; Pitts et Liao, 2009) démontrent que la tenue des Jeux olympiques (JO) est utilisée entre autres pour régénérer et reconvertir des quartiers entiers. Dans le cadre analytique des JO d’été qui nous intéressent ici, nous constatons que depuis la professionnalisation1 de cet événement (Munich, 1972) ses conséquences sur les territoires hôtes ont augmenté de 1. La professionnalisation des Jeux olympiques d’été fait référence à l’intégration des premiers athlètes professionnels dans les compétitions et disciplines olympiques. 254 L’imaginaire géographique manière significative, en lien notamment avec les exigences organisationnelles accrues du Comité international olympique (CIO), des fédérations internationales (FI) et des médias internationaux. Ces multiples obligations d’organisation conduisent ainsi les instances municipales responsables à planifier à long terme (10 à 30 ans) ces réalisations urbaines de manière à tenter de les rentabiliser ou du moins à les reconvertir, avec succès parfois (citons par exemple le cas de Barcelone après les JO de 1992). Les 10 à 20 milliards de dollars désormais nécessaires pour organiser les Jeux olympiques d’été font de cet événement sportif international un projet urbain extrêmement complexe et fort coûteux pour les villes hôtes, ce projet ayant des répercussions majeures sur la trame urbaine (Maguire et al., 2008), mais aussi sur l’image, voire sur l’imaginaire qui lui sont par la suite accolés. À la suite de l’extravagance structurelle, architecturale et financière des Jeux de Pékin (2008), et devant la difficile reconversion des équipements olympiques des Jeux d’Athènes (2004), il semble pertinent de chercher à comprendre comment ces infrastructures d’accueil, et en particulier leur principal élément qu’est le stade olympique, sont planifiées et reconverties dans un environnement urbain rarement adapté. Malgré certaines mesures de planification, mises en place et justifiées par les responsables de ces projets pour encadrer et légitimer ces mégaprojets, il est intéressant de remarquer qu’un très faible pourcentage de ces stades sont véritablement utilisés après les JO et ne deviennent pas, par conséquent, des «éléphants blancs» (Gold et Gold, 2007). Pour bien comprendre comment les processus de planification du stade olympique et de gestion de sa phase post-­ olympique influencent la reconversion de ce dernier, nous avons choisi d’analyser le cas des Jeux de Montréal (1976), qui fait consensus au sein de la communauté scientifique comme modèle par excellence de l’échec post-olympique (Preuss, 2004; Essex et Chalkley, 1999). L’étude de ce cas atypique nous permettra de cibler les éléments et autres facteurs qui ont conduit à ses déboires financiers et à la reconversion catastrophique du stade. Pour y arriver, deux temporalités seront examinées. La phase préolympique d’abord, où sont arrêtées puis appliquées les principales actions menant à la réussite de ce projet à long terme et le conditionnant (Mangan, 2008). Nous verrons ensuite la phase post-olympique, où ces mêmes actions doivent être poursuivies, entretenues ou ajustées dans un contexte ayant changé de nature (les objectifs de développement métropolitain ne sont plus alors centrés sur la tenue comme telle des JO, mais sur des objectifs à plus long terme, entraînant presque systématiquement une diminution des investissements, des retombées financières, de la visibilité médiatique et du nombre de compétitions sportives en ces lieux et au moyen de ces équipements), mais qui en principe aura été envisagé (Hiller, 2006). Ces [3.146.37.35] Project MUSE (2024-04-25 04:59 GMT) Reconversion des héritages olympiques et valorisation de l’urbain 255 deux périodes sont à bien distinguer pour comprendre les tenants et aboutissants de la reconversion du stade olympique. Plus précisément, trois questions structureront notre réflexion. Tout d’abord, comment le stade olympique de Montréal a-t-il été planifié dans la préparation globale des Jeux olympiques et pour l’après-Jeux ? Ensuite, de quelle manière son devenir post-olympique a-t-il été géré après 1976? Enfin, pourquoi...

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