In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

2 LE QUÉBEC À L’HEURE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE Pour que les entreprises puissent augmenter leur bénéfice, il leur faut vendre de plus en plus. Pour augmenter les ventes, on devra nécessairement produire de plus en plus. Pour maintenir ce système de croissance indéfiniment, il faut donc inciter les consommateurs à acheter de plus en plus une masse de nouveaux produits lancés à coup de publicités qui leur laissent croire que ces produits sont révolutionnaires et donc essentiels. De plus, les produits ont désormais une durée de vie programmée de plus en plus courte, et leur obsolescence rapide est générée par la mise en marché de produits similaires, supposément plus performants, mieux conçus, etc. Une grande majorité de consommateurs plus ou moins insouciants se laissent ainsi facilement gagner par des campagnes publicitaires savamment orchestrées. Les entreprises utilisent aussi d’autres méthodes pour s’assurer des bénéfices substantiels, comme la rareté contrôlée de produits de première nécessité et la spéculation, pour ne nommer que celles-là. Pour le consommateur, la valorisation de l’argent, de la richesse, se traduit par une croissance continue du nombre de produits fraîchement sortis des usines. La réussite sociale de l’individu est jugée sur ses avoirs: revenu élevé, grande maison, résidence secondaire, voiture de l’année, voyages exotiques, gadgets à la fine pointe de la technologie, etc. L’effet de démonstration est tel que même ceux qui n’ont pas les moyens de se procurer ces biens se les achètent à crédit. Les taux d’endettement n’ont jamais été aussi élevés. Cette escalade de la consommation est planétaire. Nous n’insisterons jamais assez sur ce point. Et les conséquences en sont, elles aussi, mondiales. Partout dans le monde, on peut constater les effets de cette surconsommation: appauvrissement de la planète, qui ne réussit plus à se régénérer; destruction d’habitats naturels à des fins d’agriculture; destruction de zones arables causée par une urbanisation accélérée ; extinction d’espèces végétales et animales causant une atteinte irrémédiable à la biodiversité ; épuisement appréhendé des ressources naturelles non renouvelables; pollution tous azimuts1 , avec la conséquence que même la pérennité des ressources renouvelables s’en ressent. «La planète s’en va à la catastrophe», clament bon nombre de spécialistes et quantité d’études à travers le monde. Le mouvement semble impossible à arrêter. 1. Rebuts non recyclables, rebuts non recyclés, rejets polluants dans les cours d’eau et dans l’atmosphère, maladies reliées à l’industrialisation et à la pollution, etc. [3.14.70.203] Project MUSE (2024-04-24 03:18 GMT) INTRODUCTION 3 INTRODUCTION 3 Pourtant, à l’Ouest, la résistance s’installe depuis près de 40 ans: un mouvement à contre-courant se fait sentir. Le capitalisme impérialiste fait de plus en plus face à des poches de résistance qui entravent son développement, désormais effréné. Depuis la naissance du mouvement hippie et de ses communes, on voit apparaître, petit à petit, des efforts individuels et communautaires qui vont à contresens des principes de la société de consommation. On veut consommer moins et on veut consommer mieux. La qualité de vie reprend peu à peu son droit de cité; l’Être prime sur l’Avoir. Erich Fromm (Avoir ou Être, p. 132) posait déjà la question en 1976: «Si je suis ce que j’ai, et si ce que j’ai est perdu, alors qui suis-je?». De leur côté, certains gouvernements, avec des initiatives comme celle de Kyoto, tentent d’agir positivement, et les scientifiques directement concernés par ces problèmes prennent de plus en plus position. Même le marché commence à donner des signes d’ajustement. Les récentes crises économiques aux États-Unis et en Europe semblent même indiquer que l’économie de marché s’essoufflerait d’elle-même et que la croissance infinie qui lui est sous-jacente pourrait avoir une fin. On assiste à la montée de l’alimentation biologique, des économies parallèles, du commerce équitable . Et comment ne pas mentionner les efforts de recyclage entrepris à tous les niveaux et sous toutes les formes, dans un nombre croissant de communautés? Il devient de plus en profitable, rentable, de recycler et de plus...

Share