In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

PRÉFACE La progression des stagiaires en enseignement Marc Boutet Professeur, Université de Sherbrooke Président de l’Association pour la formation à l’enseignement (AFORME) marc.boutet@usherbrooke.ca Les étudiantes et les étudiants en formation à l’enseignement aiment être en stage. C’est bien connu et c’est bien normal, puisqu’ils s’y rapprochent de la réalité professionnelle à laquelle ils souhaitent consacrer une bonne partie de leur vie. Les situations de pratique sont le creuset de la signification qu’ils accordent à leur choix de fréquenter l’université. Alors que nos programmes de formation à l’enseignement demeurent, encore et toujours, critiqués et critiquables pour le peu d’impact qu’ils semblent avoir sur l’évolution des pratiques enseignantes et alors que nous cherchons tous des façons de les améliorer, pourquoi ne ferions-nous pas simplement le choix de miser davantage sur ce qui est plein de sens pour les futurs enseignants et enseignantes: être en stage? Cela suppose un retournement épistémologique qui n’a pas encore complètement eu lieu dans les facultés et les départements universitaires d’éducation, malgré la popularité du concept de praticien réflexif qui y sévit depuis que Donald Schön (1994) l’a proposé il y a environ vingt ans. On oublie souvent qu’il a donné à l’activité professionnelle le statut de productrice de savoirs, savoirs professionnels en contexte, puisant mais ne se limitant pas aux modèles théoriques et, surtout, indispensables à la réussite de l’intervention professionnelle. Son praticien réflexif est un chercheur dans son action, qui utilise une méthode, celle de la réflexion dans et sur l’action, et qui s’appuie sur une théorie de l’action, respectant ainsi les exigences de la recherche scientifique. – Favoriser la progression des stagiaires en enseignement – VIII En réalité, la valeur des savoirs d’expérience demeure difficile à reconna ître dans l’institution universitaire qui mise essentiellement sur les cours pour la formation. Il faut certes reconnaître que de plus en plus d’universités font place aux stages, dans une diversité grandissante de domaines professionnels ; les stages sont un facteur d’attraction pour les étudiantes et les étudiants. Malgré tout, les ressources humaines et financières qui y sont consacrées demeurent, sauf exception dans certaines institutions, insuffisantes pour aider les stagiaires à en tirer tous les apprentissages possibles. C’est ainsi qu’en enseignement , par exemple, la mission exigeante de quitter les hauts sommets de la théorie et de s’aventurer dans les marécages de la pratique, pour reprendre la métaphore de Schön, est confiée à certains formateurs de terrain superviseurs ; ceux-ci s’y retrouvent à la fois à proximité des pratiques et en distanciation théorique dans la relation éducative qu’ils établissent avec les futurs professionnels, dans le contexte de rencontres généralement peu fréquentes et souvent perçues comme d’évaluation plutôt que d’accompagnement. Le rôle de ces « métis de l’intervalle » (Pelletier, 1998) et le rôle des stages en général demeurent mystérieux et à définir, autant dans leur rapport au milieu académique que dans leur rapport au milieu scolaire. L’Association pour la formation à l’enseignement (Aforme) a été créée précisément, il y a presque dix ans, pour offrir un espace de réflexion collective sur les stages. Les textes rassemblés dans le présent ouvrage, grâce aux efforts de François Guillemette et de Monique L’Hostie, reflètent bien la richesse du questionnement ayant cours au sein de cette communauté de formateurs et de chercheurs qui tentent de mieux cerner la contribution de la formation en milieu de pratique. Avec cette troisième publication1 issue des six colloques que l’Aforme a organisés jusqu’à maintenant, une continuité dans la réflexion s’installe au fil des années; celle-ci est nécessaire pour parvenir à formuler des réponses satisfaisantes à des questions complexes, comme: Est-ce que nous allons sur le terrain pour aider les stagiaires à construire leur identité professionnelle ou pour évaluer la conformité de leurs pratiques aux exigences de la profession? Comment peuvent s’exercer des médiations entre cours et stages? Quelle est la valeur ajoutée de l’accompagnement offert par les superviseurs universitaires en milieu scolaire? Qu’est-ce qui est attendu d’eux au sein des programmes de formation à l’enseignement? Ne devraient...

Share