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7 Une ApproCHe HolIstIQUe Contre l’eXClUsIon des Femmes Le cas de mères avec pouvoir Christine Champagne, Diane-Gabrielle Tremblay et Juan-Luis Klein Cette initiative vise à aider des femmes monoparentales, ayant de jeunes enfants de 5 ans ou moins, à se réaliser du point de vue professionnel, personnel et social.L’étude de ce cas permet de voir l’intérêt d’une approche globale ou holistique, mais aussi les difficultés que doit traverser une initiative innovatrice lorsque son approche est basée sur une action plurielle, alors que les programmes publics de lutte contre la pauvreté sont souvent conçus de façon sectorielle. Par ailleurs, cette initiative illustre la complexité de la gestion dans le contexte d’un large partenariat où aucun leadership clair n’est exercé par un porteur de projet reconnu. En même temps, l’approche développée illustre la capacité innovatrice de l’expérimentation sociale,expérimentation qui rompt avec les cadres établis par les programmes financiers et par les approches dominantes. 148 Initiatives locales et lutte contre la pauvreté et l’exclusion 1. La situation de l’arrondissement Centre-Sud en regard de la pauvreté des femmes-chefs de famille monoparentale Le projet Mères avec pouvoir (MAP) Montréal est un milieu multiressource pour femmes monoparentales à faible revenu et leurs enfants (0-5ans). Le projet prend la forme d’une grappe de ressources comprenant logements subventionnés, service de garde (places dans un Centre de la petite enfance – CPE à 7 dollars par jour) et intervention (suivi et connexion aux ressources appropriées). Il vise à briser la spirale de pauvreté des enfants en favorisant la réinsertion socioprofessionnelle de leurs mères. Pour les soutenir dans leur parcours, MAP offre un milieu de vie approprié pour favoriser la scolarisation, l’obtention d’un emploi et le développement de réseaux sociaux (MAP Montréal, 2006). 1.1. La pauvreté et l’exclusion chez les femmes monoparentales Au Canada, la situation des femmes-chefs de famille monoparentale est fortement touchée par la pauvreté. Le revenu moyen après impôts des familles canadiennes monoparentales ayant une femme à leur tête était de 37 000$ en 2006 comparativement à 54 500$ pour celles dirigées par un homme et 76 400$ pour les familles biparentales avec enfants (Statistique Canada, 2006). Ainsi, les familles monoparentales dirigées par une femme sont plus sujettes à la pauvreté que les autres types de familles. De plus, le revenu moyen camoufle de grandes disparités puisque 28,2% des femmes monoparentales avaient un revenu sous la barre du faible revenu en 2006 et que 32% d’entre elles demeuraient en marge du travail salarié (ORÉGAND, 2006). Dans ce contexte, le recours à l’aide sociale de ce groupe est fréquent et trop souvent persistant. Cette persistance est particuli èrement visible au Québec, où 38% des personnes ayant vécu dans une famille monoparentale pour l’ensemble de la période de 1993 à 1998 ont été en situation de faible revenu pendant quatre ans et plus (Bellavance et Morin, 2008)1. L’intégration des femmes monoparentales à faible revenu au marché du travail pose de nombreux défis. L’accès à un service de garde est un des plus grands obstacles rencontrés par les femmes désirant suivre une formation ou réintégrer le marché du travail (Houle, 2003). 1. En 2006, le seuil du faible revenu avait été établi à 21 202$/an. [18.117.153.38] Project MUSE (2024-04-23 11:51 GMT) Une approche holistique contre l’exclusion des femmes • Le cas de Mères avec pouvoir 149 1.2. Les femmes et le logement Le FRAPRU (Front d’action populaire en réaménagement urbain) indique aussi que les femmes (les ménages dont le principal soutien financier est assumé par une femme) éprouvent plus de difficultés que les hommes du point de vue du logement (FRAPRU, 2004). Les données du recensement de 2006 indiquent que les femmes sont plus souvent locataires que les hommes (50,2% contre 32,6%). Alors que la part du revenu accordé au logement devrait être inférieure à 25%,nous constatons qu’en 2006,40,1% des femmes y consacraient plus de 30% et que 17,3% y consacraient même plus de 50%. Dans un contexte de hausse des loyers, il est à craindre de voir cette population s’appauvrir davantage. Tout ceci explique l’intérêt de...

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