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C H A P I T R E 4 L’ENDOCENTRICITÉ ET L’UTOPIE Des révélateurs des défis et des possibilités de la communication internationale? Christian Agbobli Université du Québec à Montréal 72 Communication internationale et communication interculturelle La pratique de la communication internationale est aussi ancienne que la rencontre entre les peuples. Dans la définition de l’identité humaine à travers les rapports complexes que les individus et les peuples entretiennent entre eux, la communication internationale – quoique dans des contours flous – est apparue comme incontournable. Mais si cette pratique remonte à des temps immémoriaux, la théorisation de la communication internationale – comme champ d’études intégré à la communication et tiraillé dans son lien avec les relations internationales – est très récente. À cet effet, les théoriciens présentent des visions différentes quant aux ascendances disciplinaires de la communication internationale. Pour certains, dont Paul Lazarsfeld pourrait être consid éré comme chef de file, la communication internationale est perçue comme élargissant la portée de la communication. Pour d’autres, à l’instar de Hamid Mowlana, la communication internationale est associ ée aux relations internationales. L’objectif de ce chapitre est de cerner et de questionner l’idée même de communication internationale en présentant son caractère utopique et endocentrique qui sert à la fois d’obstacle et d’opportunité à la pratique de la communication internationale . Dans cette perspective, seront abordés: 1) l’endocentricité de la notion de communication internationale; 2) l’ancrage théorique de la communication internationale; 3) l’argumentation pour une prise en compte du caractère utopique de la communication internationale. 1. L’ENDOCENTRICITÉ DE LA COMMUNICATION INTERNATIONALE Les chercheurs en communication internationale ont souvent tendance à s’inspirer de Burrel et Morgan (1979) pour expliquer si leur recherche est de type subjectiviste ou objectiviste. Pour les subjectivistes, comme il n’existe pas de vrai monde extérieur aux individus, la communication ne peut être comprise que du point de vue des communicateurs individuels , tandis que pour les objectivistes, la communication est détermin ée par la situation ou l’environnement dans lesquels elle se produit puisqu’il existe un monde réel externe aux individus. Dans le cas du présent texte, nous souhaitons dépasser cette opposition de tendance trop occidentale pour mieux refléter la complexité de la communication internationale. En effet, l’ancrage et la portée de la communication internationale sont trop vastes pour que celle-ci soit embrigadée dans un schéma classique. Sa nature englobe trop d’aspects d’ordre pratique, idéologique et épistémologique pour être réduite à une vision instrumentale , binaire ou ayant une portée ponctuelle. Même si un certain regard disciplinaire de la communication internationale soutient qu’elle [3.138.141.202] Project MUSE (2024-04-19 08:47 GMT) Chapitre 4 v L’endocentricité et l’utopie 73 a ses caractéristiques propres, elle demeure ouverte aux influences des autres disciplines et fait l’objet de changements constants. En effet, la communication internationale est, avant tout, une pratique de la rencontre entre entités (individus, groupes, etc.) provenant de nations1 différentes, à laquelle se greffe une conceptualisation qui, en retour, servira à mieux comprendre les interactions entre lesdites entités. Dans la section qui suit, des exemples variés seront évoqués pour illustrer la communication internationale à travers quelques-unes de ses caractéristiques essentielles telles que l’endocentricité et la quête identitaire de l’humain. 1.1. La quête humaine et Les exempLes Variés de communication internationaLe En parlant au lecteur, l’essayiste Gérard Vincent (1991, p. 11-12) affirme:«L’histoire qu’il a coutume de lire n’est pas factuelle, [qu’] elle n’est qu’une série de jugements admis, [que] l’ignorance est le premier besoin de l’histoire puisqu’elle simplifie et clarifie, choisit et omet.» Plus prosa ïquement, un proverbe soutient que: «Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.» En d’autres termes, une histoire, quelle qu’elle soit, est subjective et relève d’un parti pris, d’un positionnement idéologique ou tout simplement d’un contexte d’énonciation. Pour éviter de tomber dans le piège d’une prétendue objectivité historique, particuli èrement en ce qui a trait à la communication internationale, nous avons décidé de raconter une histoire, non pas véridique, mais réfutable...

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