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C h apitr e 17 Le travail social constructif Sources philosophiques et principes de pratique Nigel Parton et Patrick O’Byrne Ce chapitre a pour but de souligner les éléments et les principes fondamentaux d’une approche de travail social que nous appelons dans nos écrits Constructive Social Work (travail social constructif) (Parton et ­ O’Byrne, 2000). Ce faisant, nous inscrivons cette approche dans le contexte des développements culturels, politiques et théoriques qui sont devenus de plus en plus marqués au cours des 30 dernières années en relation avec le postmodernisme et le constructionnisme social. Dès le début des années 1990, des perspectives postmodernes et socioconstructionnistes ont été mises à contribution pour réfléchir à la pratique du travail social, analyser et favoriser son développement (voir, par exemple, Howe, 1994; Parton 1994a; Hall, 1997; Leonard, 1997; Meinert, Pardeck et Murphy, 1998; Chambon et Irving, 1999; Jokinen, Juhila et Poso, 1999; Pease et Fook, 1999; Fawcett et al., 2000; Healy, 2000; Taylor et White, 2000). Depuis notre première publication portant sur le travail social constructif (TSC), nous avons développé des idées de différentes façons. Ainsi, nous avons discuté du TSC en relation avec l’éthique féministe du «care» (Parton, 2003); sa relation avec la théorie de la personnalité construite et le trauma­ tisme psychologique (Butt et Parton, 2005); dans le contexte de la protection de l’enfance (Teoh, Laffer et Parton, 2003); dans les interventions auprès des contrevenants (Gorman et al., 2006); et de son usage dans l’évaluation dans 376 Le travail social le travail social de manière plus générale (Milner et O’Byrne, 2009). La première partie de ce chapitre se fonde sur un article antérieurement rédigé par l’un des auteurs (Parton, 2009). À bien des égards, le point de départ a été la reconnaissance du fait que le travail social traversait une période majeure de changement et d’incertitude dans son organisation et sa pratique quotidienne, de telle sorte que celui-ci semblait qualitativement différent de ce qui se faisait auparavant, nécessitant par conséquent de nouvelles compétences et de nouvelles formes de connaissances pour pouvoir le pratiquer. La relation du travail social avec les perspectives postmodernes et constructionnistes est une reconnaissance du fait que ces expériences et ces changements ne sont pas inhérents au travail social, mais qu’ils reflètent plutôt des changements beaucoup plus profonds dans les sociétés occidentales. La signification des perspectives postmodernes, c’est qu’elles attirent notre attention sur certaines zones de transformation sociale en fonction des éléments suivants: • l’accélération du changement sur le plan social; • l’émergence de nouvelles complexités et formes de fragmentation; • l’importance accrue portée à la différence, au pluralisme, aux divers mouvements et stratégies politiques et la prise de conscience omnipr ésente des relativités; • l’élargissement des «libertés» et des «choix» individuels; • et la prise de conscience grandissante de la nature socialement construite de l’existence. Mais la plus importante demeure peut-être que de telles perspectives ont mis en lumière une question demeurée dans l’ombre pendant de nombreuses années sur le plan théorique, mais qui touche au cœur de beaucoup de ce qui représente le travail social, à savoir: «Quelles sortes d’êtres humains somme-nous devenus?» (Rose, 1996). D’entrée de jeu, il est toutefois nécessaire de reconnaître que le terme postmoderne a été vivement contesté, au point où il est pratiquement impossible d’instituer, par décret définitionnel, un lexique faisant l’objet d’un accord dans ces débats (Turner, 1990). Bien que la principale préoccupation ait été d’envisager jusqu’où dans le temps et de quelles manières«l’époque actuelle» est différente de ce qui s’est déroulé auparavant, bon nombre d’exégètes ont fait valoir qu’il est inapproprié de périodiser l’histoire de cette façon (Heelas, Lash et Morris, 1996), que les ruptures et les changements ont été exagérés (Clark, 1996) et que, plutôt que de qualifier le présent de «postmoderne», il vaudrait mieux le qualifier de «haute modernité» ou «moderne antérieur» (Giddens, 1990, 1991). Nous avons déjà fait valoir que les interprétations postmodernes courent le danger de [18.226.187.24...

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