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CHAPITRE 2 Les modèles de la théorie spatiale L’inclusion de la dimension spatiale dans l’analyse de l’économie est relativement récente. Elle représente néanmoins un champ scientifique déjà très riche. Le champ de l’économie spatiale, urbaine et régionale s’est affirmé et distingué telle une spécialisation à part entière en sciences économiques. Spécialisation disciplinaire très pertinente mais trop souvent, dans ses publications officielles, limitée aux apports de la spatialisation du fonctionnement micro et macro économique. Alors que d’importantes contributions furent livrées selon une autre perspective, soit par l’analyse des territoires (urbains, ruraux, régionaux, communautaires, périphériques…), en utilisant les outils offerts par la science économique tels que les coûts de transport, les économies d’agglomération et de proximité, l’entrepreneuriat , les investissements, etc. L’analyse spatiale bénéficie aussi d’apports multidisciplinaires qui éclairent le fonctionnement des collectivités et de la société en général. D’abord, l’émergence spécifique d’une géographie économique , au fil de la formidable extension de la géographie humaine, a beaucoup offert à l’analyse spatioéconomique traditionnelle par de nombreuses contributions fondamentales (Krugman, 1991; Storper, 1997; Scott, 1998; Benko et Lipietz, 2000). Les sociologues ont aussi œuvré substantiellement à l’analyse spatiale, notamment en analysant le processus de structuration et d’institutionnalisation d’une collectivit é territoriale vers une véritable communauté. Une littérature abondante existe à ce sujet. Soulignons aussi que la sociologie urbaine (Lefebre, 1968; Castel, 1972; Harvey, 1973) et la sociologie rurale (Kayser, 1990; Jean, 1997) offrent désormais une assise conceptuelle importante. Cette sociologie appliquée aux territoires urbains et ruraux, et destinée à saisir les diverses dimensions territoriales des phénomènes humains, a généré de nouvelles connaissances fort 40 Territoires et développement intéressantes pour l’analyse spatiale de l’économie. De plus, le champ autonome de la sociologie économique contribue au cumul de connaissances (Swedberg, 1994; Lévesque, 2008). Par ailleurs, les politologues, les anthropologues et les ethnologues ont aussi plus focalisé leurs analyses sur l’espace en utilisant des concepts territoriaux pertinents largement utilisés tels que la cité, la territorialité, l’État local. Signalons finalement les contributions des sciences administratives et du management (Decoutère et al. 1996) pour comprendre les comportements économiques dans l’espace. En somme, les modèles généraux a-spatiaux des sciences sociales traditionnelles laissent désormais une place considérable à la modélisation spatio- économique plurielle dont on tire de nombreux enseignements (Auray et al., 1994). En évolution certes, sinon en bouleversement dans sa construction théorique constante, l’analyse spatioéconomique fut ainsi bonifiée dans tous les sens au cours des dernières décennies. Nous avons assisté en effet à un enrichissement général de ce champ d’analyse scientifique. Richesse croissante encore sous-exploitée cependant, puisque encore souvent emprisonnée à l’intérieur de chaque discipline , ce qui limite la cohérence globale de tous les apports multidisciplinaires. Or, certaines contributions récentes s’inscrivent dans cette logique de synthèse globale. Quelque peu délaissé par les économistes contemporains en réalité (Tellier, 2009), le champ classique de l’analyse spatioéconomique, qui repose sur une solide base théorique héritée des écoles allemande et américaine de la première moitié du xxe siècle, mériterait actuellement un imposant effort de synthèse globale de cet ensemble éclaté et diffus. Bref, le champ scientifique de l’analyse spatioéconomique possède un corpus très riche composé de nombreux concepts, de divers modèles, de plusieurs théories. Corpus qui progresse dans sa multidisciplinarité à l’intérieur même de paradigmes distincts. Les contributions fondamentales de la science régionale au cours de la deuxième moitié du xxe siècle ont certes contribué considérablement à ce champ scientifique appliqué aux phénomènes territoriaux variés. Les excellents ouvrages de Richardson (1978), Aydalot (1986), Camagni (1992), Fujita et al. (2001), Courlet (2008) proposent des classifications générales fort pertinentes. Tant et si bien que nos ouvrages académiques offrent désormais une grille de lecture très édifiante sur la réalité spatioéconomique, constamment alimentée par de nouveaux apports scientifiques (Isard, 2003). [18.190.156.212] Project MUSE (2024-04-19 03:29 GMT) Les modèles de la théorie spatiale 41 Ce chapitre...

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