L'agression sexuelle envers les enfants - Tome 2

Chapitre 10 - Danse sandwich, concours de striptease et auters activités sociales sexualisées chez les adolescentes et les adolescents: Sujet d’inquiétude ou non ?

10 c h a P i t r e Danse sanDwIch, concours De sTrIpTease eT auTres acTIvITés socIales sexualIsées chez les aDolescenTes eT les aDolescenTs sujet d’inquiétude ou non? Francine LaVoie, Ph.D. Marie-Claude LarriVée, Ph.D. Marie-Hélène gagné, Ph.D. et Martine Hébert, Ph.D. RÉSUMÉ Ce chapitre porte sur les activités sociales sexualisées, des échanges à connotation sexuelle qui se déroulent dans un contexte de groupe. Peu d’écrits traitent de ces comportements et encore moins chez les adolescents des deux genres. En revanche, les opinions abondent soit affirmant leur aspect normatif d’explo­ ration de la sexualité, soit y dénonçant l’exploitation des personnes impliquées. L’enquête décrite, parmi les premières réalisées, se 384 L’agression sexuelle envers les enfants consacre au vécu des adolescents de 15 à 18 ans. Des entrevues auprès de jeunes et d’intervenants ont permis d’élaborer un ques­ tionnaire qui a ensuite été administré en classe à 815 élèves. Seulement un jeune sur huit n’a pas été exposé à ce phénomène soit comme observateur, soit comme participant actif. Trois grands types d’activités sociales sexualisées ont été relevés: 1) la danse sandwich, 2) les gestes sexuels sans contact génital (p. ex., les simulations de fellation) et 3) les gestes avec contact génital. La participation fait l’objet de description du contexte et du malaise ou bien­être ressenti le lendemain. Il est proposé que la partici­ pation à certaines activités puisse être un comportement à risque. Des pistes de prévention incitent à remettre en question la tolé­ rance excessive de la société envers les activités sociales sexualisées sans toutefois diaboliser l’ensemble de ces pratiques. Les médias récemment ont décrit certaines pratiques sexuelles des jeunes en s’inquiétant de telles dérives ou encore les considérant comme des nouveautés typiques de la jeunesse actuelle. Au Québec, il est rapporté, photos à l’appui, que des étudiants universitaires associaient calage d’alcool et pratiques sexuelles de groupe (Pineault, 2006) et que, chez les adolescents , il y aurait des concours de masturbation en pleine classe ou encore des caresses entre jeunes filles pour émoustiller les garçons dans les partys (Chouinard, 2005). En outre, en septembre 2008, on rapporte que des étudiants en médecine en période d’initiation mimaient des positions de relations sexuelles dans un bar («couchés à deux ou plusieurs, debout contre une colonne de ciment, des gars faisant semblant de pénétrer des filles») (Poulin, 2008). Aux États-Unis, on retrouve le même type d’articles ou de livres (Krauss et al., 2006; Levy, 2005), révélant que des adolescents participent volontairement à toutes sortes d’expériences sexuelles de groupe, de sexe oral ou à d’autres activités dont certaines pour combattre l’ennui. Comme l’écrivent Lamb et Brown (2006, p. 260), «la sexualité à l’adolescence est tout ce que les media affirment, excepté un peu moins et un peu moins fréquemment». Ce chapitre vise donc à faire le point sur quelques-unes de ces pratiques. Danse sandwich, concours de striptease et autres activités sociales sexualisées 385 Les attitudes et les comportements des jeunes à l’égard de la sexualité ont toujours suscité l’intérêt, en particulier les comportements jugés à risque. Jusqu’à dernièrement, figuraient parmi ces comportements à risque à l’adolescence des relations sexuelles non protégées, un nombre élevé de partenaires sexuels, un partenaire ayant recours aux drogues intraveineuses et l’usage d’alcool ou de drogues dans le contexte des relations sexuelles. Rappelons qu’un comportement à risque est un comportement ayant une probabilité élevée d’être associé à une diversité de problèmes de santé mentale, physique ou sexuelle, ce qui ne veut pas dire que tous les individus touchés ressentiront ces problèmes. Ces études ne cherchent pas à diaboliser l’usage d’alcool, par exemple, mais les recherches proposent qu’il y a suffisamment matière à préoccupation pour aborder ces comportements de consommation dans des programmes de promotion ou de prévention visant le développement d’une sexualité saine. C’est la position qui sera explorée ici. Cooper, Shapiro et Powers (1998) ont enrichi la réflexion sur les comportements jugés à risque...