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avanT-propos Antoine Char xiv La quête de sens à l’heure du Web 2.0 Mot clé dans un monde éclaté, terme aux mille visages, qualificatif employé à toutes les sauces, le sens est encore à l’honneur dans certains médias. Mais sa quête véritable relève du miracle quotidien dans une société étourdie par sa propre vélocité. Cinq journalistes du Devoir ont pourtant accepté de relever le défi de répondre à une question qui les bouscule dans leur travail de tous les jours. Pendant plus de deux heures, jeudi le 11 mars 2010, devant une centaine d’étudiants de l’Université du Québec à Montréal, ils se sont interrogés sur La quête de sens à l’heure du Web 2.0. Bien sûr, toutes les questions n’ont pas trouvé leur réponse. Loin de là. Mais l’important, c’est qu’elles aient été posées. Le résultat est entre vos mains. Ce qui se dégage de toutes les interventions n’est pas une condamnation en règle des nouvelles technologies. Bien au contraire. Elles peuvent être de formidables outils pour mieux éclairer l’actualité grâce aux enquêtes, reportages et échanges de toutes sortes. Avec elles, l’impératif d’exhaustivité et de rigueur peuvent refaire surface. Avec elles, le journaliste peut, s’il le veut, ne plus rester légèrement informé sur le sujet traité. Tout en faisant son travail avec son crayon et son calepin, tout en posant des questions sur le terrain, tout en interviewant par téléphone ou par courriel, il a désormais accès en quelques secondes à des banques de données qui viendront enrichir le «background» de son «papier». Hier, comme aujourd’Hui… Si Internet enrichit le métier sans forcément le déshumaniser, hier comme aujourd’hui cependant, les vrais approfondissements ne peuvent se faire qu’en doutant et questionnant. Le journalisme de questionnement et d’interpellation doit alimenter la conversation dans la cité pour le bien-être de la démocratie. Il faut, encore et toujours, cultiver le doute pour mieux démontrer, débattre, défendre certaines idées et parfois convaincre. Il faut savoir précéder l’opinion au lieu de la suivre. Rude exigence, certes. Et pourtant… La crise médiatique mondiale constitue un formidable tremplin pour innover, se transformer, mieux répondre aux attentes d’un public sans véritable boussole dans un monde éclaté. Un public qui ne tient pas à tout prix à avoir une information périmée sur réception, surfant [18.117.137.64] Project MUSE (2024-04-19 22:12 GMT) Avant-propos xv ou papillonnant sur les événements. À l’évidence, la superficialité, l’hyperfactualisme lubrifiant et le sensationnalisme tous azimuts feront toujours partie du paysage médiatique. Il y a un public pour chaque média. C’est ainsi. Et c’est tant mieux. Il n’y a en tout cas pas de bons et de mauvais médias. Parler de médias «de caniveau» ou de «qualité» est trop réducteur. Tout journaliste cherche à répondre aux attentes d’un public friand de tel ou tel article dans le grand bazar médiatique. Au carrefour de la recherche et de la séduction, le journalisme, quel qu’il soit, ne doit cependant pas prendre une seule avenue en se détournant de l’autre. Les deux font naturellement partie de sa voie quotidienne. Sans chaleur participative, il n’y a pas de véritable transmission de la recherche. Cette dernière doit néanmoins primer quand un média a pour principale mission, au sens noble du terme, la quête de sens. Le Devoir, malgré ses moyens toujours modestes, s’est fixé cet objectif dès la parution de son premier numéro le 10 janvier 1910. merci… Les cinq journalistes du Devoir qui ont accepté de répondre à la question centrale du colloque tenu dans le cadre du centenaire du seul quotidien indépendant québécois sont tous des anciens étudiants de l’Université du Québec à Montréal. Présent au début du colloque, Bernard Descôteaux, le neuvième successeur d’Henri Bourassa à la tête du Devoir, était le seul à avoir été formé «sur le tas». Peu importe, ce qui compte c’est, pour reprendre les mots de Montaigne, d’avoir une «tête bien faite» plutôt qu’une «tête bien pleine». Ce...

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