Questionnaires psychologiques pour l’activité physique, le sport et l’exercice

Partie 4 - La recherche de contrôle

Partie 4 La recherche de contrôle Rothbaum, Weisz et Snyder (1982) attribuent à K. Groos (1901) la paternité des premières préoccupations sociales pour le «contrôle», celui-ci ayant observé, chez des enfants, l’expression du plaisir lorsque l’occasion leur était donnée de contrôler des stimulations. Plus tard, Adler (1956) qualifie le besoin de contrôle de «nécessité intrinsèque à la vie» et White (1959) comme un « besoin intrinsèque, omniprésent ». Plus tard, DeCharms (1968) le définira comme une«tendance motivationnelle principale chez l’homme». Ainsi, la recherche de contrôle semble être non seulement une source d’émotions mais également un besoin fondamental. Dans une revue de littérature sur le contrôle réalisée par Skinner (1996), l’auteure recense pas moins de 111 concepts apparentés au contrôle et situe une partie de ces concepts selon une organisation tripartite incluant les moyens (means), les résultats (ends) et les individus (agents). Cette organisation illustre la diversité des conceptualisations et des définitions du contrôle et, par conséquent, des méthodologies de mesure. Trois chapitres sont développés dans cette partie afin de rendre compte des instruments de mesure permettant d’évaluer les formes que peut prendre la recherche de contrôle: ils portent sur les attributions causales, la confiance en soi et l’efficacité personnelle. Même si la notion de contrôle se définit différemment dans ces trois modèles théoriques, il n’en reste pas moins vrai que les sentiments de contrôle qui en résultent peuvent stimuler les gens à s’affirmer dans des activités d’accomplissement. 226 Questionnaires psychologiques pour l’activité physique, le sport et l’exercice Les attributions causales, les styles attributionnels et l’auto-handicap La recherche sur les attributions causales (Weiner, 1979, 1985) s’intéresse à la façon dont les gens expliquent les événements qui leur arrivent ou qui arrivent aux autres. Le but de ces interprétations est de chercher à mieux comprendre son environnement afin de mieux le maîtriser. Selon Skinner (1996), la notion de contrôle est envisagée ici à travers la relation de cause à effet ou de moyen à fin. Par exemple, si vous attribuez un échec à un manque d’aptitudes, il se peut que vous vous sentiez diminué dans votre amour-propre et qu’alors vous ne vouliez pas réessayer. En revanche, si vous attribuez un échec à un effort insuffisant, vous pouvez juger qu’il vous a appris quelque chose et vous travaillerez davantage afin de réussir la prochaine fois. Cette théorie a été largement exploitée dans les domaines du sport et de l’éducation physique, comme le feront voir les différentes méthodes discutées dans le chapitre consacré aux attributions causales. L’association des théories de l’impuissance apprise (Abramson et coll., 1978) et des attributions causales a donné naissance à la théorie des styles explicatifs (Seligman et coll., 1979; Peterson et coll., 1982; Hanrahan et coll., 1989). Il s’agit de «la tendance d’une personne à donner le même type d’explications aux différents événements auxquels elle est confrontée» (Peterson, Buchanan et Seligman, 1995, p. 1). Plusieurs procédures ont été recensées pour la mesure des styles attributionnels, parmi lesquelles nous trouvons l’utilisation des questionnaires (p. ex. le ASQ, le EASQ) et également des techniques d’entretien comme le CAVE (Content analysis of verbatim explanations) développé par Colligan et coll. (1994) et le CAR (Content analysis of responses) discuté par Schulman et coll. (1989). Ces techniques sont explicitées dans les références citées. La recherche de contrôle s’observe également lorsque les gens se trouvent confrontés à des situations dont les conséquences peuvent leur échapper. Parmi les stratégies les plus étudiées dans le domaine du sport et de l’éducation physique, nous pouvons citer les stratégies d’autohandicap ou le handicap intentionnel (Jones et Berglas, 1978; voir aussi Arkin et Baumgardner, 1985). Ces stratégies sont destinées à rendre la structure causale des événements ambiguë et sont utilisées lorsque le sportif perçoit les situations comme menaçantes pour son estime de soi. L’intérêt de telles stratégies est qu’elles obscurcissent les raisons de l’échec. Dans les années 1950, plusieurs modèles viennent nourrir les réflexions autour de la recherche de contrôle...