In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

CHAPITRE I LA STRUCTURE ARGUMENTATIVE On ne retrouve dans l’objet que ce qu’on y a introduit. E. Kant Tout mémoire de maîtrise ou thèse de doctorat suppose une certaine structure argumentative, c’est-à-dire un argumentaire composé d’une suite de raisonnements logiquement articulés. Il est important de le souligner car le travail de recherche repose sur des énoncés postulatoires (hypothèse ou proposition de recherche) qu’il faut justifier et, par conséquent, argumenter. L’argumentaire permet au candidat à la maîtrise ou au doctorat (désormais désigné comme le proposant) de soutenir la Thèse défendue et de la faire accepter comme vraisemblable, plausible ou crédible par la communauté scientifique1 . Ce faisant, il présente à cette communauté une interprétation ou une explication 1. Nous croyons, à l’inverse de certains, que l’argumentation ne démontre pas la vérité d’une hypothèse, mais seulement sa vraisemblance, sa plausibilité ou sa crédibilité. La position épistémologique qui est défendue ici nous apparaît davantage refléter l’usage qui est fait des hypothèses ou des propositions de recherche. Il y a peu de chercheurs, sans nier leur existence, qui croient encore à la vérité de leur hypothèse même s’ils ont des données empiriques qui la vérifient. Vérifier et vérité sont en général considérés comme condition l’une de l’autre, la vérification étant la condition par laquelle est établie la vérité d’une proposition. Mais déjà une telle définition est relative au contexte scientifique et selon le niveau de formalisation des systèmes théoriques. Dans un système formel, comme les mathématiques, on parlera plutôt de vérité sémantique, désignant par cette expression une interprétation. Que certains croient à la vérité est une chose; la réception de leur hypothèse par la communauté scientifique se limite 14 Argumenter son mémoire ou sa thèse pertinente d’un phénomène, d’une situation ou d’un objet de savoir qu’il a construit. Gardons à l’esprit qu’un mémoire ou une thèse s’inscrit dans un cadre universitaire qui a des exigences propres quant à l’énoncé de la Thèse et de son argumentation. L’article ou l’ouvrage scientifique possède des requêtes légèrement différentes. L’argumentaire est le dispositif par lequel nous tentons de faire accepter par la communauté scientifique (par ses pairs: ici les membres du jury du mémoire de maîtrise ou de la thèse de doctorat que nous désignerons désormais comme opposants2 ) la Thèse défendue. On formule souvent la question suivante: «Comment construit-on un argumentaire solide capable de soutenir notre Thèse et de la faire accepter par nos pairs?» C’est à cette question que nous tenterons de répondre dans les prochains chapitres. Mais avant de s’attaquer à cette tâche centrale et multidimensionnelle, il faut examiner comment se déploie cette structure et cette dynamique argumentatives entre le proposant (candidat à la maîtrise ou au doctorat) et les opposants (jury). On pourra alors voir sur quelles bases se construit un raisonnement argumentatif. Pour bien, pour ne pas dire prudemment, construire une structure argumentative, il faut être capable, croyons-nous, de bien se représenter la matrice, le déploiement ainsi que la dynamique d’une argumentation propre à ce type d’étude (mémoire de maîtrise ou thèse de doctorat). La structure argumentative repose sur une disposition et des montages méthodologiques particuliers – le proposant devant argumenter son mémoire ou sa thèse face à des opposants (qui nécessairement l’évalueront pour décider de sa validité ou non) pour la faire accepter. C’est toute la structure argumentative du mémoire ou de la thèse par son déploiement, sa force de démonstration, de persuasion et de pénétration qui fera, essentiellement, admettre ou non la Thèse ou la Conclusion3 . On comprend alors pourquoi il faut d’une part construire un argumentaire solide capable de convaincre et de persuader les opposants (nous verrons ce point dans les prochains chapitres) mais, d’autre plus souvent qu’autrement à y voir une conjecture, une proposition heuristique ou un énoncé plausible ou crédible. On pense aussi que l’argumentaire ne doit pas strictement se limiter à la communaut...

Share