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c h a p i t r e 20 Le bénévolat « par» et « pour» les aînés Andrée Sévigny Travailleuse sociale, Ph. D. Chercheure, Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec (CEVQ) Chercheure membre, Équipe VIES – Vieillissements, exclusions sociales et solidarités Annie Frappier M.A. en anthropologie, Université Laval Professionnelle de recherche, Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec (CEVQ) Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent une proportion­ grandissante de la population, et ce, dans l’ensemble des pays occidentaux (Veninga, 2006). Cette réalité démographique en effraie plus d’un. Comment arriverons-nous, en tant que société, à faire face à cette nouvelle situation? Comment supporter les pressions qu’elle exerce sur les finances publiques? Comment répondre à l’augmentation des besoins en matière de services de santé et de services sociaux? Ces craintes émanent généralement d’une conception de la vieillesse comme une période d’inévitable retrait social (Dubois, 1997). La théorie du désengagement (Cumming et Henry, 1961; Tavier, 2003) propose effectivement qu’en vieillissant l’individu devient moins un «acteur» et davantage un «spectateur» du social (Hétu, 1988). Ce courant de pensée alarmiste est susceptible de favoriser l’âgisme et de contribuer à l’exclusion des aînés. 432 Vieillir au pluriel Une lecture plus positive de la vieillesse (Palard et Vézina, 2007) permet de la concevoir comme une période de vie offrant à ceux qui la traversent de nouvelles occasions de contributions sociales signifiantes (Raymond, Gagné, Sévigny et Tourigny, 2008). Ces contributions prennent de multiples formes: activités sociales, bénévolat, mentorat, engagement militant, etc. Le présent chapitre s’intéresse au bénévolat effectué par des personnes âgées, plus précisément à celui qui s’actualise dans le domaine du soutien à domicile de leurs pairs en perte d’autonomie ou en fin de vie. Les réflexions sur le bénévolat dont nous faisons état sont issues de travaux de recherche que nous avons menés depuis le milieu des années 1990 sur le bénévolat et la participation sociale des aînés (Gagnon et Sévigny, 2000; Raymond, Gagné, Sévigny, Tourigny et Vézina, 2007; Sévigny, 1995, 2002, 2004; Sévigny, Dumont et Cohen, 2005; Sévigny, Dumont, Cohen et ­Frappier, 2009; Sévigny et Vézina, 2007; Vézina et Sévigny, 2000), de même que de nombreux écrits consultés lors de la réalisation de ces travaux. Dans le présent chapitre, nous tracerons les grandes lignes de l’histoire du bénévolat réalisé «par» et «pour» les aînés au Québec, puis nous offrirons quelques éléments de définition fournis par les aînés. Ces bases posées, nous décrirons la nature du bénévolat dans le contexte actuel du soutien à domicile des aînés, soit les principes fondamentaux sur lesquels il s’appuie, son étendue et ses limites. Finalement, nous discuterons du bénévolat en tant qu’espace de solidarités au sein duquel les aînés combattent, chacun à leur façon, les diverses formes d’exclusion dont ils peuvent faire l’objet; gardent les rênes de leur propre vieillissement; et demeurent des artisans actifs du construit social. 1. Le bénévolat «par» et «pour» les aînés: bref rappel historique Au Québec, avant les années 1960, les besoins des personnes âgées en perte d’autonomie étaient généralement satisfaits par la famille, les établissements privés et les communautés religieuses. Avec la «Révolution tranquille» des années 1960, l’État reconnaît la responsabilité collective au regard des soins et services à domicile. Toutefois, malgré l’intervention d’agents formés pour dispenser les services (travailleurs sociaux, auxiliaires familiales et sociales, infirmières), dans les faits, le soutien à domicile demeure d’abord la responsabilit é des familles. [18.118.9.146] Project MUSE (2024-04-20 00:41 GMT) Le bénévolat «par» et «pour» les aînés 433 Au cours des décennies suivantes, ce que Rosanvallon a appelé la«crise de l’État-providence» (Rosanvallon, 1992) transforme le paysage social. L’État québécois révise ses politiques en matière de santé et services sociaux et adopte un discours fondé sur trois principes: 1) le respect du...

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