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c h a p i t r e 11 Les relations intergénérationnelles au sein de la parenté et de la communauté Ignace Olazabal Chercheur d’établissement, Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), CSSS Cavendish-CAU Professeur associé, École de travail social, Université du Québec à Montréal (UQAM) Sacramento Pinazo Professeure titulaire en psychologie sociale et gérontologie, Université de Valencia (Espagne) Membre, Réseau intergouvernemental, Institut espagnol des personnes âgées et des services sociaux (IMSERSO) Le champ des études intergénérationnelles est un vaste domaine, qui a été traité par des philosophes, des ethnologues, des sociologues, des historiens, des psychologues, etc., chacun de ces spécialistes à l’intérieur des ­sciences sociales et humaines concevant cette thématique d’une façon qui lui est propre. Généralement, lorsqu’on parle de relations entre générations, nous faisons référence à la parenté, bien que celles-ci puissent aussi être d’un autre ordre social. Le terme de génération est en effet polysémique et demande à être défini (Sánchez et Pinazo, 2009).  . Une partie de ce chapitre a été traduite de l’espagnol au français par Marie-Chantal Plante. 256 Vieillir au pluriel Pour les anthropologues, la génération se définit par la filiation: chaque personne appartient à une génération particulière en fonction de la position qu’elle occupe en lien avec ses ascendants et ses descendants, les grands-parents, les parents, les fils, les petits-enfants, les arrière-petitsenfants , etc. En ethnologie, note Claudine Attias-Donfut, «l’usage du terme de génération est strictement lié à ce sens [sa base généalogique]» (1992, p. 219). Le terme de «génération» est aussi utilisé – et c’est le sens le plus communément accepté – pour se référer à la période qui sépare l’âge moyen des parents de celui de leurs enfants (entre 25 et 30 ans en moyenne). Pour les démographes, la génération correspond à la cohorte, c’est-à-dire l’ensemble des personnes nées dans une même période chronologique (p. ex., les personnes nées dans les années 1960). Pour les sociologues, toutefois, l’âge chronologique est plutôt secondaire et la génération regroupe des personnes situées dans une même «zone d’âge», les baby-boomers, par exemple, ou encore la «génération de la Guerre». Les expériences vécues constituent des références sociales et historiques communes qui orientent la conception du monde des générations sociales. La philosophie de l’histoire , pour sa part, explique l’histoire à travers la superposition des générations sociales, qui sont appréhendées un peu à la manière dont le géologue étudie les couches stratigraphiques, en considérant les générations comme des ensembles plus ou moins déterminants et influents dans l’histoire. Ce terme peut également faire allusion à la position d’un individu dans le système de protection sociale. En somme, comme le notent Hagestad et Herlofson (2005), quand nous parlons de générations, nous pouvons nous référer à: 1) différents groupes d’âge (jeunes, adultes ou personnes âgées); 2) des générations historiques, c’est-à-dire des groupes de cohortes nés dans une même période historique ayant vécu des expériences spécifiques (guerre, crise économique, révolution, transition politique, essor écono­ mique, famine, etc.) et qui s’insèrent dans différents modes de vie sociaux,  . On parlera ainsi des relations entre générations sociales, par exemple entre baby-boomers et générations X, Y, etc. (Olazabal, 2009; Dumont, 1986; Grand’Maison et Lefebvre, 1993) ou des générations d’immigrants au sein des sociétés nord-américaines (Olazabal, 2006; Kivisto et Blank, 1990) pour expliquer le changement social et identitaire des groupes sociaux dans le temps et dans l’espace. Si la sociologie de l’école de Chicago a toujours promu l’assimilation des immigrants à partir du cycle des rapports ethniques, des historiens ont contesté cette perception en remarquant les allées et venues de l’identit é ethnique à travers les générations, ce qu’illustre l’axiome de Marcus Lee Hansen (1937) voulant que «what the son wishes to forget, the grandson wishes to remember». Depuis les années 1920, l’école de...

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