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Préface Georges Benko Un géographe de la générosité, une géographie de la modernité Paul Claval I De formation, Georges Benko était architecte. Il l’était resté de goût : il s’intéressait aux artistes capables de penser l’espace de manière originale, Paul Virilio ou Vittorio Gregotti par exemple (Benko, 1985a; 1989); il avait éprouvé un grand plaisir à vivre dans des volumes conçus par Le Corbusier à la Fondation Avicenne de la Cité internationale de Paris. Il apporta beaucoup de soin à l’aménagement de l’appartement qu’il acheta par la suite à Paris. Certains de ses articles témoignent de cet intérêt permanent (Benko, 1985b; 1993). Pour Benko, l’architecte devait aménager l’espace à toutes les échelles – depuis les espaces intérieurs jusqu’à la région et à la nation. Pour ce faire, il convenait de s’appuyer sur des bases scientifiques solides, VIII Penser les territoires celles qu’assuraient les disciplines tournées vers les problèmes spatiaux: géographie, science régionale, économie spatiale. Parallèlement à ses études d’architecte, Georges Benko avait donc préparé une licence de géographie à Paris-VII et une licence et une maîtrise en urbanisme à Paris-VIII. Il avait suivi des enseignements dans d’autres universités parisiennes, à Paris-IV, par exemple, où j’enseignais; mon séminaire portait sur les problèmes de géographie et d’économie de l’aménagement. Je revois encore Georges Benko, assis dans les premiers rangs: traits fins, visage allongé, front haut, toujours très droit, attentif, discret. Il avait quelque chose de romantique. Dans les trente années qui suivirent, il changea fort peu. Les écoles d’architecture ne délivrant pas de doctorat, Georges Benko s’inscrivit en troisième cycle à l’EHESS. Une bourse lui permit, en 1980-1981, de mener des recherches au Québec, où il garda des liens solides. Il y compléta la formation qu’il avait déjà en géographie, en économie spatiale et en aménagement. Il soutint en 1982, à l’EHESS, une thèse de 3e cycle: Analyse du système urbain québécois et le rôle de Montréal. Ses lectures , ses innombrables contacts et sa curiosité toujours en éveil en firent un spécialiste de géographie économique et d’économie spatiale. Il s’intéressait au devenir de l’ensemble de la pensée sociale – thème qu’il aborda aussi bien dans les années 1980 (Benko, 1988) que dans les années 1990 (Benko et Strohmayer, 1995; 1997). Georges Benko avait un immense souci de rigueur en matière de recherche: il connaissait la nécessité du dépouillement systématique des sources, l’utilité de suivre le cheminement des courants de pensée et l’intérêt de la stimulation que l’on tire de la fréquentation des meilleurs auteurs. Il avait compris le rôle irremplaçable des séminaires, qui permettent de partager les savoirs en formation, et des conférences, qui mettent en contact divers cercles de pensée. Le plus grand soin devait être apporté aux publications, grâce auxquelles les idées circulent. Il écrivait des textes clairs, sans jargon; il prenait le temps de définir les termes nouveaux. La science et la diffusion des savoirs scientifiques constituaient pour lui une véritable passion. Il ne poursuivait cependant pas le savoir pour le savoir. Dans sa perspective, la connaissance n’avait d’autre fin que de concevoir des aménagements au service de la société. Elle était faite pour offrir aux hommes ce qu’il y a de meilleur. Georges Benko était en effet un être de générosité. Cela se lisait à travers toute sa démarche d’homme. Sa vie quotidienne en témoignait: fidèle en amitié, ouvert aux jeunes, aux étrangers, il avait tissé un immense réseau de dévouements; il aidait volontiers ceux qui devaient séjourner à Paris en les hébergeant ou en leur trouvant un logement. Les mêmes traits se peignaient dans son activité universitaire: son travail s’inscrivait [3.21.248.119] Project MUSE (2024-04-20 04:54 GMT) Préface IX toujours au service de la collectivité des chercheurs; c’est dans cet esprit qu’il était devenu directeur de collections et éditeur d’une revue scientifique : il voulait faciliter, au profit de tous, la circulation des idées et la diffusion des r...

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