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Introduction Marc Corbière, Ph. D. Marie-José Durand, Ph. D. Au cours des deux dernières décennies, le monde du travail s’est transformé considérablement avec l’intensification du travail, l’adaptation des employés aux nouvelles technologies toujours en évolution et la tertiarisation du travail, sans compter l’instabilité économique à travers le monde (Brun, 2009). Ces changements organisationnels, économiques et techniques ont des répercussions sans équivoque sur la santé mentale des employés, et ce, quel que soit leur niveau hiérarchique au sein d’une organisation. Les conséquences de ces divers changements sur le milieu de travail représentent un fardeau tant sur le plan humain que financier car, comme l’indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ un quart de la population mondiale sera à un moment de sa vie touché directement par les problèmes de santé mentale (p. ex., détresse psychologique) ou les troubles mentaux (p. ex., dépression) (Harnois et Gabriel, 2000). Dans la plupart des pays industrialisés, les entreprises et leurs employés doivent de plus en plus faire face à cette problématique, laquelle entraîne un niveau d’absentéisme élevé. Plusieurs études montrent que le taux d’absentéisme dû à des troubles mentaux s’élève à plus de 30% (souvent proche de 50%) des absences au travail toutes confondues (OCDE, 2009). Pour ceux qui présentent une plus grande sévérité symptomatologique, la réintégration au travail s’avère d’autant plus difficile. Des difficultés qui se traduisent par 40 % des personnes qui ne retournent pas sur le marché du travail ordinaire, et ce, malgré l’accès à des interventions reconnues comme des pratiques fondées sur les données probantes et leur utilisation (Corbière et al., 2010). Qui plus est, pour les personnes qui réintègrent le marché du travail ou qui retournent au travail, conserver un emploi demeure un autre défi. 2 l Du trouble mental à l’incapacité au travail Pour donner quelques chiffres additionnels, nous comptons, seulement aux États-Unis, entre 40 et 50 milliards de dollars dépensés chaque année pour la dépression, dont 200 millions de journées de travail perdues (Gabriel et Liimatainen, 2000). En Grande-Bretagne, environ 80 millions de journées de travail sont perdues chaque année en raison de problèmes de santé mentale ou de troubles mentaux et, au Canada, il en coûte plus de 14 milliards de dollars en perte de productivité industrielle (Dewa, Lin, Corbière et Shain, 2010; Gabriel et Liimatainen, 2000). Selon un rapport de l’OMS, dans moins d’une décennie, soit en 2020, la dépression deviendra une des premières causes de l’absentéisme au travail (Harnois et Gabriel, 2000). Sur le plan humain, les conséquences ne sont pas moindres. La nonparticipation au marché du travail a des répercussions significatives sur la santé de la personne, surtout si cette dernière présente un trouble mental. Parmi les retombées, on note par exemple l’isolement social, la perte de l’identité socioprofessionnelle et d’une structure spatio-temporelle, la perte d’un pouvoir de consommation et d’actualisation de soi, l’exacerbation des symptômes cliniques et la pauvreté. Eu égard à l’ensemble de ces changements sociétaux et organisationnels ainsi qu’à leurs retombées, le domaine d’intérêt santé mentale et travail a pris un essor considérable dans la dernière décennie en vue d’aider une large proportion de la population aux prises avec un trouble mental en milieu de travail ou en processus de réintégration au marché du travail. Avant même de préciser l’objectif de cet ouvrage collectif, il nous apparaît essentiel non seulement de prendre connaissance de la terminologie utilisée en santé mentale et travail, telle que les problèmes de santé mentale, les troubles mentaux transitoires et graves, le retour au travail et la réintégration au travail, mais aussi d’étayer notre démarche à partir d’une assise théorique qui nous permettra d’évaluer les tenants et les aboutissants de la problématique «du trouble mental à la participation au travail». La lecture ne pourra en être que plus claire et plus précise. Dans cette orientation, nous avons donc proposé aux auteurs d’utiliser dans leur chapitre, autant que faire se peut, quelques vocables communs. Il est à préciser que...

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