In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

CHAPITRE 9 Compétences requises de l’intervenant qui facilite le retour ou la réintégration au travail de personnes à risque d’une incapacité prolongée Patrick Loisel, M.D. Marc Corbière, Ph. D. MESSAGES CLéS POUR LA CLINIQUE 1. Une bonne coordination entre les partenaires touchés par le retour au travail est un élément clé du succès de la réintégration au travail. 2. Une formation académique pour les conseillers en emploi spécialisés et les coordonnateurs de retour au travail devrait être élaborée. 3. Si certaines différences existent entre la coordination du retour au travail des personnes atteintes de troubles mentaux et celle des personnes souffrant de troubles musculosquelettiques, elles sont semblables par de nombreux aspects. MESSAGES CLéS POUR LA RECHERCHE 1. Une évaluation fine des compétences des conseillers en emploi spécialisés et des coordonnateurs de retour au travail nous permettrait de savoir quelles sont celles qui prédisent le retour et le maintien en emploi d’une personne avec un trouble musculosquelettique ou un trouble mental. 2. L’étude des effets des interventions de retour au travail devrait inclure dans sa structure l’aspect de la coordination et, ultimement, comparer différents modes de coordination. 3. Des études qualitatives sur les modes de coordination permettraient d’améliorer cet aspect fondamental des interventions de retour au travail. 254 l Du trouble mental à l’incapacité au travail L’incapacité au travail résulte le plus souvent d’un «acte collectif manqué» des acteurs des différents systèmes qui sont généralement concernés lorsqu’une personne s’absente du travail de façon durable pour une raison de santé en général et de santé mentale en particulier. La modélisation de l’incapacité au travail reste à ce jour un travail inachevé, mais les tentatives actuelles montrent que sa complexité est due pour une grande part au nombre des acteurs concernés et aux perspectives différentes qu’ils représentent . Notre équipe a conçu un modèle que nous avons nommé le terrain de jeu (aréna) de l’incapacité au travail (Loisel et al., 2005 ; Loisel et al., 2001) alors que d’autres l’ont intitulé modèle écologique et de gestion de cas (Schultz, Stowell, Feuerstein et Gatchel, 2007). Ce modèle, issu d’une équipe interdisciplinaire de recherche en prévention de l’incapacité au travail, voulait en effet exprimer que les nombreux acteurs touchés par les «cas» rendaient la gestion de ceux-ci difficile. En particulier, les perspectives différentes, voire opposées, de ces acteurs issus du monde du travail, de l’assurance et de la santé les amènent à des actions et à des prises de décisions contradictoires qui peuvent influencer négativement la complexité d’action que représente un retour ou une réintégration au travail pour une personne rendue vulnérable par son problème de santé. L’observation de cette complexité a été un moteur de réflexion pour considérer la nécessité d’introduire une coordination des systèmes concernés en vue de résoudre la problématique de l’incapacité au travail. Deux domaines ont été précurseurs dans la réflexion et la recherche: les incapacités au travail prolongées déclenchées à la suite de troubles musculosquelettiques (TMS), en particulier les maux de dos, et celles déclenchées par des troubles mentaux graves. La solution recherchée pour les TMS était donc de favoriser le retour au travail par des interventions coordonnées qui incluaient le milieu clinique et le milieu de travail, en accord avec le système d’assurance et, bien entendu, avec la personne en état d’incapacité. Dans le contexte de personnes avec un trouble mental grave, il est important de préciser que ces personnes ont perdu leur lien d’emploi avec une organisation spécifique, voire même ont vécu une rupture avec le marché du travail ordinaire (voir l’introduction du livre). Par conséquent, pour la réalité de cette clientèle, le nombre d’acteurs engagés dans la réintégration au travail peut être plus restreint. Ceci étant dit, il faut savoir aussi que l’articulation des systèmes d’activités relatifs à la santé mentale sera aussi différente de celle des systèmes relatifs aux TMS, car les enjeux peuvent être fort différents...

Share