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vivement le ménage de la tour de Babel ! où la confusion des termes n’aide en rien la réussite éducative Antoine BABY Sociologue et chercheur honoraire, Chaire de recherche Normand-Maurice, Université du Québec à Trois-Rivières La présente réflexion aurait pu tout aussi bien s’intituler «Vivement le ménage de la tour de Babel de la réussite éducative». J’estime en effet, première audace et ce ne sera pas la seule, qu’en matière de réussite éducative, la confusion qui règne sur les concepts importants de nos analyses et de nos pratiques, explique en partie du moins le fait qu’après des années d’efforts, nous tournions toujours en rond en ce qui concerne les indicateurs nationaux de la réussite. Autrement dit, c’est peut-être en partie parce que nous n’avons pas les idées claires que les taux d’obtention de diplôme, pour ne mentionner que ceux-là, ne s’améliorent pas au fil des années. Dans les pages qui vont suivre, je tendrai donc à clarifier certains d’entre eux dans l’espoir que cela permette d’ouvrir de nouvelles pistes conduisant à des actions et à des interventions plus efficaces dans le champ de la réussite. Quand il s’agit de préciser le rôle et la nature de la participation des «parents» et de la famille dans la réussite éducative des enfants, on entre en effet en pleine confusion des termes. J’aborderai donc trois de ces confusions que j’ai choisies parce qu’elles me paraissent toutes les trois lourdes de conséquences. La première est devenue un classique. Elle consiste à confondre réussite éducative et réussite scolaire. Cette confusion est vieille comme le monde et pourtant, on la fait régulièrement . La suivante est plus inattendue, mais elle n’est pas moins lourde 34 Antoine BABY de conséquences. Elle consiste à confondre réussite éducative scolaire et réussite éducative familiale. Oui, j’ai bien dit: réussite éducative scolaire et réussite éducative familiale. Vous ne l’attendiez pas, celle-là, hein! Et pourtant, vous allez voir plus loin qu’on perd beaucoup en refusant de l’élucider. RéussITe éDuCaTIve eT RéussITe sCoLaIRe Voyons d’abord ce qui en est de l’erreur qui consiste à prendre l’une pour l’autre, la réussite éducative et la réussite scolaire proprement dite. J’ai déjà suggéré ailleurs (ceux et celles qui l’ont déjà entendu m’excuseront sans doute de revenir sur le sujet) d’utiliser la triple mission de l’école telle qu’elle apparaît dans la Loi sur l’instruction publique pour distinguer plus efficacement réussite éducative et réussite scolaire et organiser notre action en conséquence. La Loi dit en effet que l’école a pour mission d’instruire, de socialiser et de qualifier. Nous dirons alors que la réussite éducative est celle qui découle de l’atteinte des objectifs des trois volets de cette mission, tandis que la réussite scolaire est celle qui découle de l’atteinte des objectifs de la seule mission d’instruire. Cette confusion des termes en entraîne une autre qui nous autoriserait à dire que nous travaillons à la réussite éducative alors que nous ne travaillons qu’à la réussite scolaire proprement dite. Dans la mesure où nous ne travaillons que sur des aspects scolaires de la réussite tels les taux de diplomation, le rendement scolaire, les taux d’échec, les taux de décrochage, les moyens d’accroître la persévérance scolaire, nous ne travaillons en effet que sur le volet instruction de la triple mission de l’école. Dans la logique de la distinction que je viens de suggérer, nous devrions nous en tenir à dire que nous travaillons à la réussite scolaire au sens strict du terme. Et pourtant, nous continuons à dire et à prétendre que nous travaillons à la réussite éducative au sens large du terme. Histoire de mettre un peu de piquant et pour le plaisir de la chose, je vous mets au défi de me nommer une recherche qui serait assez inclusive pour avoir le droit de prétendre qu’elle traite pleinement et globalement de réussite éducative lato sensu. Nous disons tous que nous travaillons à la réussite éducative globalement parlant alors que la plupart du temps, nous...

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