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C h a p i t r e 1 Les grands enjeux des femmes du Sud pour un développement durable Les femmes, la citoyenneté et le développement: la révolution éthique1 Monique Ilboudo2 Ambassadrice du Burkina Faso au Danemark 1. Brève présentation du Burkina Faso: au cœur du Sahel, le Burkina Faso est un vaste terriBr ève présentation du Burkina Faso: au cœur du Sahel, le Burkina Faso est un vaste territoire de 274 000 km² habité par environ 14 millions d’habitants, dont 52% de femmes. Colonie française jusqu’en 1960, la Haute-Volta a connu un destin singulier. La colonie de Haute-Volta sera supprimée en 1932, son territoire démembré pour être partagé entre les colonies de Côte d’Ivoire, du Soudan (actuel Mali) et du Niger. La Haute-Volta ne recouvrera ses anciennes fronti ères qu’en 1947. Ces tribulations auront, paradoxalement, contribué à forger un sentiment national qui a épargné notre pays de certaines dérives ethniques connues ailleurs. C’est en 1984 que la Haute-Volta devient Burkina Faso, à la suite de la Révolution d’août 1983. 2. Madame Ilboudo est ambassadrice du Burkina Faso au Royaume du Danemark et a présenté l’allocution d’ouverture au Colloque international de Moncton sur les grands enjeux des femmes pour un développement durable. 10 – Les grands enjeux des femmes pour un développement durable RÉSUMÉ Les femmes africaines n’ont jamais été en reste chaque fois qu’il a fallu défendre leur continent ou la démocratie en péril. Elles ont ainsi été partie prenante des luttes pour l’indépendance. Elles ont été à la fine pointe des luttes contre les dictateurs et pour l’ouverture démocratique consécutive à la chute du mur de Berlin. Leurs combats quotidiens, anonymes, contribuent à porter le continent au travers des turbulences locales et internationales. Hélas, cette part incontestable et déterminante n’a jamais été reconnue à sa juste valeur. Et pourtant, il n’y aura pas de développement durable ni de démocratie sans une participation égalitaire entre hommes et femmes dans la gestion des affaires publiques. De la ruche ouvrière où elles sont encore majoritairement enfermées, à l’envol de l’albatros que constitueront leur prise de conscience et leur pleine participation citoyennes, les femmes africaines sont à l’orée d’une révolution qui changera la face de ce continent. [3.16.81.94] Project MUSE (2024-04-23 21:18 GMT) Les grands enjeux des femmes du Sud pour un développement durable – 11 Les femmes sont belles à Ouaga comme à Montréal, à Moncton ou à Bouctouche! Elles sont heureuses de leur sort. Aucun nuage ne vient assombrir leur ciel. Le soir, elles vont se coucher contentes et satisfaites . Le matin, elles se lèvent fraîches et épanouies pour vaquer à leurs menues occupations dans la joie et la bonne humeur. Un tel tableau est trop idyllique: personne n’y croirait si je vous le présentais . À Ouagadougou ou à Montréal, à Moncton ou à Bouctouche, il existe certainement des femmes qui répondent à cette description. Mais combien sont-elles? À Ouaga, les femmes sont belles et debout face à une réalité quotidienne qui ne l’est pas toujours! Elles luttent pour avoir droit de cité, pour leur épanouissement personnel, les besoins immédiats de leur famille et de leurs enfants. Elles luttent pour l’égalité des droits entre hommes et femmes, qui n’est pas perçue comme une question de démocratie. Ici comme ailleurs, la longue marche des femmes n’est pas à son terme. La situation de l’Afrique est plus hétérogène et plus complexe que les schémas parfois trop vite élaborés. L’Afrique des femmes est encore plus contrastée: il y a bien Ellen Johnson Sirleaf, cheffe d’État du Libéria, les 45 femmes députées rwandaises sur 80 depuis les dernières élections de septembre 2008, la Tanzanienne Asha-Rose Migiro, numéro 2 des Nations unies, les quatre vice-présidentes (sur sept dans le monde) – Gambie, Afrique du Sud, Burundi, Zimbabwe –, les nombreuses ministres, présidentes d’institutions, directrices, etc. À côté de ces femmes puissantes, sans oublier les ingénieures, les pilotes de ligne, les professeures, les cheffes d’entreprise … il y a l’écrasante majorité des Africaines désavantagées, opprimées… Il y a les 70% d’analphabètes, les 800 à 1 000 femmes...

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