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4 c h a p i t r e Bilan mitigé de la mise en œuvre de l’orthodoxie des soins de santé primaires par l’OMS Nous avons présenté dans le chapitre précédent la conception que l’OMS se fait de la justice sociale ainsi que les moyens qu’elle entendait déployer ou qui sont à déployer pour aplanir les inégalités et contrer l’exclusion qu’elle observe. Il convient maintenant de se demander quels résultats cette conception spécifique de la justice sociale et les actions qui en ont découlé ont atteints à ce jour? 4.1. Le bilan des politiques de l’OMS : des résultats mitigés Après plusieurs décennies d’application de la Stratégie mondiale de la santé pour tous axée sur les soins de santé primaires, force est de constater que l’OMS n’est pas parvenue à endiguer tous les processus d’exclusion qu’elle a, a priori, déplorés et ciblés. Son bureau exécutif s’est même vu contraint d’admettre que certaines des initiatives gouvernementales qu’elle avait prescrites se sont finalement soldées 104 Les soins de santé primaires par un décevant échec et que, somme toute, nous sommes encore très loin de la réduction des inégalités prônée et de l’actualisation d’un niveau de santé jugé acceptable à travers le monde. En 2004, le Population Reference Bureau a observé que les inégalités en matière de santé demeurent non seulement persistantes, mais qu’elles se sont même aggravées dans bien des cas. Cela est vrai des inégalit és entre pays et, à l’intérieur des pays, entre riches et pauvres et entre les pauvres et les plus pauvres. Par exemple, les pauvres des pays pauvres ont ordinairement moins d’accès aux technologies médicales et aux soins de qualité que ceux des pays à revenu élevé. Ces mêmes écarts existent aussi à l’intérieur des pays, qu’ils soient riches ou pauvres : «En moyenne, les enfants des quintiles les plus riches sont deux fois plus suscep-  . Il s’agit d’une organisation à but non lucratif fondée en 1929 par Guy Irving Burch et Raymond Pearl. Basée à Washington et financée par des fondations privées, des agences gouvernementales et des donateurs individuels, cette organisation informe les gens du monde entier (journalistes, éducateurs, chercheurs, décideurs politiques) sur les questions de population, de santé et d’environnement, et les aide à se servir de ces informations pour promouvoir le bien-être des générations d’aujourd’hui et de demain.  . Les exemples suivants illustrent bien la polarisation extrême entre les pays et, en leur sein, entre les groupes sociaux qui les composent. En Sierra Leone, notamment, la mortalité infantile en 2004 est de 316 pour 1000 naissances vivantes comparativement à 3 en Islande. L’espérance de vie à la naissance est de 34 ans par rapport à 81,9 ans au Japon (OMS, 2004a). En 2003, la probabilité de décès chez les hommes âgés de 15 à 60 ans était de 90,2% au Lesotho contre 46,4% en Russie et 8,3% en Suède (OMS, 2003c). En Éthiopie, toujours en 2003, seulement 6% des naissances ont lieu en présence d’un personnel qualifié, comparativement à 12% au Bangladesh et 100% en Suède. Les mêmes observations peuvent être faites, mais cette fois à l’intérieur des pays dits «avancés». Par exemple, aux États-Unis et dans les pays européens, les pauvres meurent toujours plus tôt que les mieux nantis. Toujours aux États-Unis, l’écart entre l’espérance de vie du groupe le plus avantagé et celle du groupe le plus désavantagé est de 20 ans (Murray et al., 1998). En ­Angleterre et au Pays de Galles, on observe un écart de 7,4 ans d’espérance de vie entre les hommes de professions libérales et les travailleurs manuels non qualifiés (Donkin et al., 2002). En 1991, comparé aux allochtones, les autochtones du Québec ont un taux de mortalité due aux maladies infectieuses et parasitaires [3.21.97.61] Project MUSE (2024-04-23 09:04 GMT) Bilan mitigé de la mise en œuvre de l’orthodoxie des SSP par l’OMS 105 tibles d’avoir été complètement vaccinés que les enfants des quintiles les plus...

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