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12 Les usages sociosexuels d’Internet parmi des hommes et des femmes d’orientation homosexuelle ou bisexuelle de Montréal Une étude exploratoire Joseph Josy LÉVY Louis-Robert FRIGAULT Kim ENGLER Alain LÉOBON Régis PELLETIER Catherine PAQUIN-BOIVIN Renée-Claude BADMAN Miguel GUEVARA c h a p i t r e 358 Diversité sexuelle et constructions de genre Internet, par sa technologie décentralisée et ses outils qui rendent possible la communication avec d’autres usagers, indépendamment des distances et des contraintes temporelles, s’est imposé très rapidement après son implantation commerciale autour des années 1997-1998, pour devenir aujourd’hui le médium dominant dans les sociétés contemporaines. À cause des caractéristiques de ce réseau – les «trois A» de Cooper (1999), Anonyme, Accessible, Abordable –, il permet d’accéder, à travers de multiples outils (sites statiques ou interactifs; courriels, clavardage, webcam, etc.) à une quantité prodigieuse d’informations touchant tous les domaines, à des coûts de plus en plus minimes, d’établir de nouvelles relations sociales, de communiquer facilement avec un réseau délocalisé, tout en conservant une certaine confidentialité quant aux données personnelles. Internet permet aussi des interventions préventives ou de soutien psychologique dans le champ de la santé. Ces avantages d’Internet, amplifiés par Ross, Rosser, McCurdy et Feldman (2007) qui ont ajouté à ces trois A, ceux de l’accepta­bilité (l’utilisation sexuelle d’Internet devenue normative) et de l’approximation (occasions d’expérimenter des comportements sexuels et des relations dans le cyberespace), ont aussi contribu é à transformer les scénarios et les pratiques sexuels, en permettant l’accès à du matériel pornographique, des sites de rencontres et de discussion ou d’échanges érotiques dans le cadre du cybersexe (Cooper, Boies, Maheu et Greenfield, 1999; Lévy, Frigault, Léobon et Engler, 2005) et ce, selon des lignes de force différentes en fonction du genre et des orientations sexuelles, comme nous le verrons ultérieurement. On peut remarquer dans cet ensemble d’études que si les populations hétérosexuelles et homosexuelles masculines ont fait l’objet de nombreuses recherches, il n’en est pas de même pour les populations lesbiennes qui, à part de rares occasions, n’ont pas retenu l’attention des chercheurs. Nous présenterons d’abord les résultats de travaux portant sur les différences de genre dans les usages généraux, puis sociosexuels d’Internet. Ceux-ci serviront à contextualiser les résultats d’une étude exploratoire quantitative menée à Montréal auprès d’hommes et de femmes d’orientation homosexuelle ou bisexuelle afin de dégager les convergences et divergences dans leurs usages sociosexuels d’Internet. 1. Usages généraux d’Internet et variations de genre L’appropriation d’Internet et ses usages généraux présentent certaines différences de genre. Si pour certains chercheurs, les hommes auraient été plus fascinés que les femmes par ces nouvelles technologies, alors que ces [3.133.121.160] Project MUSE (2024-04-25 09:49 GMT) Les usages sociosexuels d’Internet parmi des homosexuels et des bisexuels 359 dernières seraient plus technophobes, le fossé entre les hommes et les femmes se réduirait aujourd’hui, sinon disparaîtrait pour tous les groupes d’âge (Morahan-Martin, 1998). Selon une étude réalisée aux États-Unis (Bimber, 2000), le genre n’interviendrait pas sur l’accès à Internet mais plutôt sur ses usages qui seraient moins fréquents chez les femmes, ce qui pourrait être dû à une combinaison de facteurs (stéréotypes entourant l’usage de la technologie par les hommes et les femmes, contenu d’Internet plus masculin que féminin, différences dans les styles de communication). Une autre étude effectuée auprès de 630 étudiants américains (Jackson, Ervin, Gardner et Schmitt, 2001) montre des différences significatives dans les usages et la perception d’Internet. Ainsi, les femmes étaient plus enclines que les hommes à recourir au courriel, étaient plus anxieuses face à l’ordinateur, avaient des attitudes moins favorables et moins stéréotypées à l’égard d’Internet et rapportaient une autoefficacité informatique plus faible. Les hommes, pour leur part, employaient plus fréquemment le cyberespace que les femmes. Une autre étude sur la même population (Odell, Korgen, Schumacher et Delucchi, 2000) met aussi en évidence que l’écart s’est réduit entre hommes et femmes quant à l’usage d’Internet...

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