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C H A P I T R E 3 L’INÉGALITÉ CHINOISE ET LES FACTEURS D’INFLUENCE ÉCONOMIQUE Dans les deux premiers chapitres nous avons décrit les diverses formes d’inégalité qui sévissent en Chine depuis plus de trois siècles. Maintenant que le contexte général a été présenté, il importe d’examiner en profondeur les facteurs qui ont une influence notable sur le déséquilibre global. Dans les chapitres 3 et 4, nous nous pencherons spécifiquement sur cette question, pour analyser dans le premier les facteurs d’influence économique et dans le second les facteurs d’influence sociale. La politique d’ouverture préférentielle , la répartition spatiale des investissements directs à l’étranger (IDE) et l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) feront l’objet de ce présent chapitre. 34 Disparités régionales et inclusion des minorités 3.1 LA POLITIQUE D’OUVERTURE PRÉFÉRENTIELLE 3.1.1 Chronologie des réformes économiques chinoises1 La croissance fulgurante de la Chine a été rendue possible grâce à un ensemble de réformes visant l’amélioration du fonctionnement économique interne et l’intégration aux activités de commerce international (Démurger, 2000). Arrivée à la fin des années 1970, l’économie chinoise a connu d’énormes difficultés puisque la stratégie de développement poursuivie (fondée sur l’autosuffisance et donnant priorité à l’industrie lourde) ne permettait plus d’atteindre l’efficience nationale. C’est ainsi que le gouvernement chinois a décidé de réformer l’économie, mais de façon très graduelle et géographiquement limitée. L’instauration des zones économiques spéciales (ZES) dès juillet 1979 a marqué le début de la période transitoire. En effet, les provinces littorales du Guangdong et du Fujian ont bénéficié de politiques préférentielles leur donnant accès à une vaste gamme de privilèges économiques. Plus précis ément, les villes de Shenzhen, de Zhuhai et de Shantou (situées dans la province du Guangdong) ainsi que celle de Xiamen (située dans la province du Fujian) ont constitué les premiers laboratoires d’expérimentation de la nouvelle « économie socialiste de marché ». Ces quatre ZES devaient servir de « fenêtres » aux provinces intérieures de la Chine, dans le but de diffuser progressivement les bienfaits de l’ouverture économique. Malgré cela, Brun et al. (2002) soulignent que « les dirigeants chinois ont choisi de favoriser la croissance aux dépens d’une certaine équité, au moins à court et moyen termes » (p. 63). À la suite du succès remarquable des ZES, l’administration chinoise a décidé, en 1984, d’élargir sa stratégie d’ouverture à 14 villes côtières pour obtenir une plus grande inclusion dans l’économie mondiale (Démurger, 2000). L’organisation de ces villes ressemble beaucoup à celle qui régissait les ZES ; ainsi plusieurs zones de développement technologique et économique ont été mises en place. L’année 1988 marque, quant à elle, la création d’une cinquième ZES : l’île de Hainan se voit transformée en atelier expérimental des forces du marché. Peu de temps après, le gouvernement accepte de donner le coup d’envoi à la « stratégie de développement économique côtière2», qui intègre, en essence, la totalité de la frontière méridionale aux marchés internationaux3 (Ge, 1999). 1. Pour un repère historique détaillé des réformes économiques chinoises, voir Démurger (2000). 2. En anglais : « Coastal area economic development strategy ». 3. La région côtière chinoise couvre approximativement 320 000 kilomètres carrés et sa population totale s’élève à 160 millions. En plus, sa capacité productive représente environ 45 % de la valeur agraire et industrielle totale du pays (Ge, 1999, p. 1282). [18.217.144.32] Project MUSE (2024-04-24 11:22 GMT) L’inégalité chinoise et les facteurs d’influence économique 35 L’ambitieux projet urbain de Pudong a pris naissance en avril 1990 et confirme l’engagement chinois de poursuivre l’instauration des réformes économiques. Il s’agit d’exploiter le district shanghaїen situé sur la rive est de la rivière Huangpu afin d’y construire un nouveau quartier d’affaires ainsi qu’un véritable tremplin vers le monde extérieur (Cao et al., 2000). D’ailleurs, non seulement la nouvelle zone...

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