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5 C H A P I T R E LA PEUR COMME LEITMOTIV Reprenons le «modèle» en quadrille donné comme fascination, violence, peur ET différenciation-indifférenciation, en insistant sur le dernier terme. L’assise de l’indifférenciation se trouve dans la dialectique vie-mort et encore davantage que pour la différenciation. En effet, c’est d’abord de l’informe duquel l’humain se hisse pour cultiver la différenciation. Et au propre comme en boucle récursive, l’indifférenciation, c’est aussi le délabrement du vivant dans le laboratoire de la mort. On n’y échappe pas. Et la crainte légitime de l’indifférenciation colore la différenciation même. Bref, à la fois origine et terminaison, l’indifférenciation laisse place à la différenciation, qui peut être fabuleuse. Assurément, cette intégration des liens entre la vie et la mort requiert de reposer les significations des manifestations de violence, des peurs et angoisses qu’elle charrie. Le chapitre 3, à travers l’entendement de la violence comme matricielle, insistait sur ce qui ouvrait à la différenciation. Mais ici, en étant munis d’un filtre conceptuel supplémentaire, celui du déni, par quels indices pouvons-nous dire que la violence est délétère ou aveuglément indifférenciante? 122 La fascination – Nouveau désir d’éternité Car si la différenciation est par définition plurielle, l’indifférenciation renvoie à de l’indiscernable: de l’ombre dense virant au noir. D’emblée, on pense à la confusion engendrée par la face sombre de la fascination lorsque, justement, on estime ne pouvoir y échapper. Certes, cette absorption fait peur, si ce n’est aux protagonistes, du moins, à un observateur. On peut à rebours se demander quelles sont les modulations de la peur et même, ses arêtes, dans les manières mêmes de composer avec la violence, et forcément, avec la violence de la mort. Plus précisément, en nous dirigeant vers la conclusion de cette seconde partie documentant la base conceptuelle du caractère menaçant de la fascination, comment peur et violence peuvent-elles conduire à une indifférenciation? Qu’est-ce qui est raté dans le travail d’épure culturelle sur cette indifférenciation pour nous y faire vaciller, sinon nous y engloutir? De la sorte et pour clore ce chapitre, si l’on sait que la fascination peut être délétère, qu’en est-il de la fascination par la mort même? Allons-y d’une première manœuvre de l’indifférenciation. MÉCONNAISSANCE À L’ENDROIT DE LA DIFFÉRENCIATION LE DÉNI ET L’IMPENSÉ DE L’ANGOISSE D’emblée, cette méconnaissance sévit lorsqu’on refuse d’entendre la puissance intégratrice de la vie et de la mort, rendue dans la violence matricielle. On s’entendra: concevoir les rapports entre la vie et la mort sous l’égide d’une violence primordiale et féconde constitue en soi une manière de composer avec la peur, de l’ordre de la rationalisation ou, plus généralement , de la symbolisation. À défaut, la peur enfle. Et la peur enflant, il en va de même pour le motif de déni. C’est que, pour le dire à nouveau, le déni représente bien un mécanisme de défense de l’inconscient devant ce qui est présumé ou appréhendé comme intolérable. Forcément alors, le déni a toujours à faire avec la peur, puisqu’il vise à éviter ou à balayer par avance toute réalité traumatisante. En fait, quand on dénie, c’est qu’on a peur de la peur. Voilà pourquoi le déni est si rayonnant en période d’ins écurité, laquelle suture l’expression directe et posée de la peur. Or la formidable force du déni procède d’un a priori sourd, à savoir un imaginaire pulsionnel ancré dans l’angoisse du non-être, floue et dissémin ée, en fait l’angoisse de l’indifférencié. À haute dose, cette angoisse singulière se barricadera devant la peur suscitée par la réalité même de [3.145.23.123] Project MUSE (2024-04-25 10:41 GMT) La peur comme leitmotiv 123 l’événement de la mort ou de ce qui la symbolise, entre autres, la violence. Ainsi, paradoxalement, semble-t-il, ce serait l’angoisse tapie qui m...

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