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REGARDS DE 23 EXPERTS André Beaudoin UPA Développement international Stéphane Bernard Université d’Ottawa Bernard Bernier Université de Montréal Frédéric Blaise Enzyme Dominique Caouette Université de Montréal Éric Chaurette Inter Pares Jean-Pierre Chicoine Oxfam-Québec Guy Debailleul Université Laval Rodolphe De Koninck Université de Montréal Hélène Delisle Université de Montréal Marc Dion MAPAQ Christophe Raoul Ewodo MSEC Linda Gagnon SUCO Dario Iezzoni Santropol/Copardès Bruno Jean Université du Québec à Rimouski Isabelle Joncas Équiterre JoAnne Labrecque HEC Montréal Jean Marcel Laferrière ACDI Denis La France Cégep de Victoriaville Harvey Mead Hugo Montecinos SIFÉSI Frédéric Paré Union des producteurs agricoles Frédéric Sauriol Union paysanne [18.191.171.235] Project MUSE (2024-04-25 04:54 GMT) André Beaudoin Secrétaire général de l’Union des producteurs agricoles du Québec, Développement international Producteur de veau de grain et producteur céréalier André Beaudoin connaît bien les productions agricoles québécoises et africaines puisqu’il a été responsable et coopérant pour le premier projet de l’UPA DI à Dédougou, au Burkina Faso (1992-1993). Il a été directeur général de l’UPA DI de 1994 à 2006, et en est actuellement le secrétaire général. 68 Une seule terre à cultiver Quel est l’impact de la crise alimentaire sur votre exploitation agricole? Le contexte actuel ne saurait se résumer à la crise alimentaire. Nous assistons plutôt à la superposition des crises énergétique, financière, alimentaire et économique. Par ailleurs, la première crise subie par les agriculteurs est celle du revenu. Celle-ci a pour origine la faiblesse des prix à l’échelle mondiale, faiblesse qui témoigne de la volonté d’alimenter les plus démunis à un prix qui ne tient pas compte des coûts de production . En d’autres mots, on a imposé au monde paysan de supporter la facture de cette alimentation au moindre prix. Cela s’est notamment traduit depuis quinze ans par une nette sous-estimation du prix des céréales. Ce n’est donc pas tant la crise alimentaire qui a eu des impacts sur les exploitations agricoles québécoises que la conjoncture dans son ensemble. La principale conséquence pour les agriculteurs concerne leur capacité à se procurer du financement. Les institutions financières sont de plus en plus frileuses lorsque vient le temps d’approuver des demandes de crédit, et les fermes doivent composer avec un problème de liquidités. Quant aux hausses de prix des denrées, elles se font certes sentir sur mon exploitation, mais étant à la fois éleveur et producteur céréalier, je profite du meilleur – ou du pire – des deux mondes. Je crois par ailleurs que cette crise sera tellement dure qu’elle imposera un retour aux fondements de notre économie et la revalorisation de l’économie réelle. Les changements des priorités de nos gouvernements risquent de favoriser les secteurs qui créent de l’emploi et de la richesse localement, telle l’agriculture. La première façon d’atteindre ces objectifs est de s’inscrire dans l’économie réelle et de permettre aux personnes de gagner honorablement leur vie de manière à ce qu’elles puissent consommer raisonnablement des biens nécessaires à la vie humaine. Pourriez-vous nous parler du problème de la relève au Québec? La moyenne d’âge des agriculteurs canadiens dépasse désormais 55 ans, ce qui constitue un record historique. Le problème de la relève est donc très sérieux, mais aussi très complexe. On entend souvent que les mécanismes de gestion de l’offre constituent un frein à la relève, et il est vrai qu’un jeune qui souhaite aujourd’hui démarrer une entreprise agricole a besoin d’énormément d’argent pour y arriver. L’agriculture est un secteur à forte intensité de capital: on estime que chaque dollar de revenu issu de l’industrie agricole nécessite des investissements de cinq dollars, alors que la moyenne de l’ensemble des secteurs de l’économie se chiffre à deux dollars. Un autre frein à l’entrée des jeunes en agriculture concerne la charge de travail et de temps qu’impose la pratique de ce métier. Celle-ci était relativement facile à accepter à l’époque où 50% de la population québécoise était...

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