Une seule terre à cultiver: Les défis agricoles et alimentaires mondiaux

Libéralisation et mondialisation des marchés agricoles et alimentaire

Libéralisation et mondialisation des marchés agricole et alimentaire Le contrôle de la terre, dans quel but? L’agriculture contribue à 34% du PIB des pays les moins avancés et ce secteur occupe 64% de leur population active (Banque mondiale, 2007). À l’opposé, en moyenne, seulement 1,5% du PIB des riches reposait sur l’agriculture en 2005 (WRI, 2008). En ce qui à trait à la consommation, les dix principaux produits d’origine végétale les plus utilisés (en tonnage) en 2001-2003 étaient le riz, le blé, le sucre, le maïs, l’huile de soja, la pomme de terre, l’huile de palme, la patate douce, le sorgho et la moutarde (graine ou huile). Le porc, le lait, le poulet, le bovin et les œufs constituaient alors les produits d’origine animale les plus consommés (FAO, 2007c). 32 Une seule terre à cultiver Le commerce des denrées agricoles représente 7% des échanges mondiaux. Environ 70% de ce commerce est comblé par les denrées alimentaires. En 2004, les principaux produits échangés sont les aliments transformés, le vin, le blé, les boissons et le soja (FAO, 2007c). Les importations de produits agricoles ont crû de 29% en 2008, hausse attribuable à l’augmentation des prix des denrées alimentaires plus qu’à celle des volumes (FAO 2008b). Si cette conjoncture a profité aux grands exportateurs – principalement occidentaux –, les pays les moins avancés, dont le déficit commercial agricole n’a cessé de s’accroître depuis plus de 20 ans, ont vu leur situation se dégrader. Bilan du commerce agricole des pays les moins avancés, 1961-2004 Source: FAO, 2008a. Libéralisation et mondialisation des marchés agricole et alimentaire 33 Le marché agroalimentaire néolibéralisé Le fait que 21% des volumes mondiaux de blé, 14% des volumes de maïs et 4% du riz produit en 2006 aient été exportés relativise l’importance du commerce international des aliments (FAOSTAT, 2008). L’autoproduction/consommation demeure ainsi le modèle dominant, favorisant théoriquement une plus grande stabilité des prix. Ceux-ci n’en subissent pas moins de fortes variations, telle cette hausse en deux semaines de 30% des cours du riz survenue au plus fort de la crise alimentaire (Clavreul et Faujas, 2008). Ces fluctuations sont liées au fait que les produits agricoles sont soumis aux lois du marché et à la logique capitaliste néolibérale. Les produits agricoles se négocient maintenant sur les places boursières vouées aux produits dérivés, où l’on peut se procurer des contrats à terme de café robusta au même titre que de l’acier ou du pétrole. Le cycle de négociations de Doha en cours à l’OMC devait d’ailleurs mener à la libéralisation complète du commerce des denrées agricoles. Que cet objectif soit finalement atteint ou non, les obstacles rencontrés n’en n’ont pas moins mis en lumière la spécificité de l’agriculture et de l’alimentation. Exportations alimentaires (millions de dollars, 2005) Source: Banque mondiale, 2008. Sénégal Au pays du poulet Yassa, le poulet local bat de l’aile face aux poulets occidentaux. «Aujourd’hui, au port de Dakar, le kilo de volaille importée tourne autour de 250 FCFA. La production locale, elle, est à 1 200 FCFA!» Résultat: les importations sont passées de 189 à 11 486 tonnes entre 1996 et 2005. Cette situation a aussi forcé la fermeture de 70% des exploitations du pays selon la Fédération des acteurs de la filière avicole. Ajoutons à cela que l’aviculture demeure l’une des seules activités agricoles possibles dans les régions où sévit la sécheresse (Pigeaud, 2003 et FAOSTAT, 2008). 34 Une seule terre à cultiver Normes internationales, accords marchands, OMC Le premier accord multilatéral légiférant le commerce international a été celui du GATT. Ratifié le 30 octobre 1947, il visait l’harmonisation des politiques douanières des 23 États signataires. Cela devait permettre une meilleure utilisation des facteurs de production et la mise en valeur des avantages comparatifs des membres. Davantage d’emplois seraient ainsi créés, tandis que les prix à la consommation seraient tirés vers le bas. Tenus à l’écart des accords du GATT, les produits agricoles figurent dans les accords de Marrakech menant à la création de...