Science et religion en éducation: Comment répondre aux questions des enfants

Introduction

Introduction Michael Schleifer Victoria Talwar Paul Harris Les trois thèmes du livre Ce livre a pour origine le symposium interdisciplinaire (rassemblant psychologues, philosophes, éducateurs, scientifiques et conseillers sociopsychologiques ) qui s’est tenu à la Faculté d’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en mai 2008 sur le thème «L’éducation, la religion et la science». Lors de ce symposium, trois thèmes ont été abordés:«Questions des enfants au sujet de la mort et réponses légitimes de la science et de la religion», «Éducation morale et religion» et «Enseignement de la science et de la religion». Dans ce livre, comme dans le symposium , notre but est d’aboutir autant que possible à un consensus sur ces sujets. Notre livre se divise en trois parties et chacune porte sur l’un de ces trois thèmes. 2 Science et religion en éducation Ce livre s’adresse à tous les éducateurs, qu’ils soient enseignants ou parents. Si la première partie se concentre plutôt sur les conseils aux parents, et les deuxième et troisième parties plutôt sur l’école, elles se recoupent considérablement. Notre discussion sur l’éducation morale dans la deuxième partie devrait être utile à ceux qui sont responsables de ce sujet dans le curriculum, de façon à la fois formelle et informelle, mais elle s’adresse aussi bien aux parents qui, nous l’espérons, adopteront la même perspective que les enseignants dans ce domaine. Nous prônons une vision de l’éducation morale qui s’oppose à tout endoctrinement et se fonde sur des valeurs qui transcendent la culture et la religion. Nous soulignons l’importance d’encourager la pensée critique et le développement du jugement chez l’enfant, et cela, dès le plus jeune âge. La troisième partie, qui concerne l’enseignement de la science, s’inspire du débat qui fait rage actuellement aux États-Unis (et, dans une moindre mesure, au Canada), provoqué par les défenseurs du créationnisme et du«dessein intelligent» (intelligent design) qui tentent de limiter l’enseignement de l’évolution dans les cours de biologie, ainsi que d’autres contenus dans certains cours de physique. Ici encore, le point de vue que nous défendons cherche à définir la manière dont non seulement les enseignants, mais aussi les parents doivent répondre aux questions des enfants dans le domaine de la science et de la religion. Ce faisant, nous nous distancions de tous ceux qui ont écrit sur ce sujet, mais qui sont prêts à laisser les parents ou d’autres enseigner le créationnisme «à la maison, dans les églises et dans les écoles privées» (Alters et Alters, 2001, p. 8). Dans la troisième partie de ce livre, comme dans les deux premières, nous insistons sur le fait que la discussion sur les thèmes de la science et de la religion doit encourager la curiosité et le jugement. Il nous semble essentiel que le plus grand nombre de parents adoptent cette forme d’éducation dans la mesure du possible. Partie 1 – Les questions des enfants au sujet de la mort et les réponses légitimes de la science et de la religion La première partie de ce livre examine dans quelle mesure la science et la religion peuvent fournir des réponses et un réconfort aux enfants qui posent des questions sur la mort. Dans le chapitre 1, nous présentons les dernières recherches en psychologie sur ce que les enfants (dès le plus jeune âge) comprennent au sujet de la mort. Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, Jean Piaget a sous-estimé la capacité des jeunes enfants. Ce compte rendu détaillé devrait apaiser une fois pour toutes les inquiétudes des parents qui pensent qu’il est préférable d’attendre que l’enfant soit plus âgé pour lui parler de la vie, de la mort ou d’autres sujets délicats. Les Introduction 3 parents savent d’expérience que les enfants de 3 ans posent ce type de questions et peuvent comprendre des idées complexes sur la mort et que même les enfants de 2 ans peuvent comprendre certaines explications. Le consensus des psychologues en 2008 confirme cette intuition des parents. Le dossier que nous présentons ne rassurera pas seulement...