Science et religion en éducation: Comment répondre aux questions des enfants

Chapitre 16. Croire de manière responsable

CHAPITRE 16 Croire de manière responsable Miriam McCormick La principale question à l’origine du symposium qui s’est tenu à Montréal les 7 et 8 mai 2008 était la suivante: «Comment répondre aux questions des enfants sur la mort et, plus particulièrement, la religion et la science peuventelles fournir des réponses légitimes?» Lorsque nous nous posons cette question, nous nous demandons comment, en tant que parents et éducateurs , nous pouvons aider les enfants à former certaines croyances au sujet de la mort et de ce qui survient après elle. Dans notre exploration de ces questions, il me semble utile d’élargir la discussion et de nous demander ce que chacun d’entre nous doit en penser, quelles sont les normes, en d’autres termes, qui doivent nous guider dans la formation et le maintien de nos croyances au sujet de la mort. Nous ne souhaitons pas toujours que les croyances des enfants soient exactement les mêmes que les nôtres. Il peut y avoir des raisons pour lesquelles nous voulons que les enfants croient en quelque chose auquel nous ne croyons pas (le fait, par exemple, que le Père Noël leur apporte des cadeaux) ou ne croient pas à certaines choses auxquelles nous croyons (par exemple, le fait que le parent qui n’a pas leur garde se comporte comme un imbécile). Mais je me concentrerai ici plutôt sur la façon dont nous pouvons être des croyants responsables en général, 156 Science et religion en éducation ce qui devrait, j’espère, fournir des indications essentielles sur la manière dont nous devons éduquer nos enfants pour qu’ils deviennent à leur tour des croyants responsables. Responsabilité et contrôle Depuis juin 2007, je fais partie d’un groupe de travail qui s’est donné pour but de développer une pédagogie de la croyance et du doute. Dans ce groupe, chaque participant s’efforce de donner un cours qui met précisément cette pédagogie en pratique (voir le chapitre de Stephen Hendley pour plus de détails). Malgré nos divergences sur la nature d’une pédagogie de la croyance et du doute, nous espérions tous que nos cours encourageraient nos étudiants à devenir des croyants plus responsables. Ce vocabulaire de la responsabilité revenait constamment dans nos discussions. Mais qu’est-ce que cela signifie au juste de «croire de façon responsable»? Cela signifie que nous voulons que nos étudiants approfondissent leur réflexion critique sur certaines questions fondamentales en général, d’une part, et sur leurs propres croyances, sur leurs penchants ou préjugés, d’autre part. Nous aimerions qu’ils soient capables de réfléchir aux raisons qui les incitent à avoir des croyances données et à ce qui pourrait les faire changer d’avis ou en douter. Même si cette réflexion ne les conduit pas forcément à abandonner complètement ou à changer leurs croyances, notre espoir est qu’elle conduira au moins à un changement dans la façon dont ils ont ces croyances et que, de croyants automatiques qu’ils sont et qui ne se posent pas de questions, ils se transforment en des croyants plus lucides. Dans la vie quotidienne, la notion de responsabilité est fréquemment invoquée à propos des croyances. Ainsi, nous exprimons de la désapprobation ou de l’approbation à l’égard des croyances d’autrui. Nous demandons d’un ton incrédule «Comment peux-tu croire cela?» ou nous nous exclamons «Que c’est ridicule de croire cela!». De telles réprimandes semblent indiquer que nous pensons que la personne en question a formé ses croyances de façon irresponsable et que nous la tenons responsable de celles-ci. Cette notion de responsabilité n’est pas simplement une notion qui renvoie à la genèse causale des croyances. Tenir quelqu’un responsable de ce qu’il croit n’est pas la même chose que de tenir le vent responsable d’avoir arraché la tente. Le fait que nos croyances suscitent tantôt l’approbation , tantôt la critique semble indiquer au contraire que nous les consid érons comme les conséquences d’une action de la personne qui les possède, qui en est, en quelque sorte, l’agent. Mais cette attribution d’une responsabilit é ou d’autres jugements «déontiques» dans le domaine doxastique Croire de mani...