La diversité ethnoculturelle en éducation

Chapitre 6 – La compétence interculturelle: une nécessité incontournable dans la formation initiale et continue des enseignants

C h a p i t r e 6 LA COMPÉTENCE INTERCULTURELLE Une nécessité incontournable dans la formation initiale et continue des enseignants PIeRRe ToussAINT Université du Québec à Montréal GAbRIeL FoRTIeR Université du Québec à Chicoutimi L’intégration des immigrants signifie le processus à long terme par lequel ces personnes deviennent graduellement des membres à part entière de notre société. (Vincent Ross et ministère des Communautés culturelles et de l’Immigration – Conseil des communautés culturelles et de l’immigration du Québec, Gérer la diversité dans un Québec francophone, démocratique et pluraliste, Québec, Gouvernement du Québec, 1993, p. 3) 1 La diversité ethnoculturelle en éducation Ce chapitre présente les résultats d’une étude menée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)1, auprès d’un groupe d’étudiants en formation à l’enseignement, sur «les orientations, les compétences professionnelles des enseignantes et des enseignants» selon le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ, 2001). Lors de cette recherche, nous avons voulu savoir si les futurs enseignants considéraient comme importante dans leur formation la dimension interculturelle, entendue dans le sens de compétence interculturelle . Ce chapitre rend compte de cette démarche, présente les principaux résultats et propose une nouvelle compétence, la treizième compétence: la compétence interculturelle. 6.1. PRobLémATIQue Au cours des dernières années, nous avons assisté à des mutations dans les systèmes éducatifs un peu partout dans le monde (Delors, 1996). Le Québec a d’ailleurs emboîté le pas aux autres provinces canadiennes et aux ÉtatsUnis . Les États généraux sur l’éducation tenus en 1996-1997 au Québec ont permis de dégager un très large consensus auprès des divers intervenants du monde de l’éducation. Selon le Conseil supérieur de l’éducation du Québec (2000), la réforme de l’éducation devient donc la pierre d’assise des changements sociaux, culturels et économiques souhaités par la société tout entière. Toutefois, ces changements sociaux, culturels et économiques ne peuvent pas se réaliser sans un consensus fort de la population. Les États généraux sur l’éducation ont permis d’arriver à ce consensus. Plusieurs s’entendent pour dire que l’éducation fait appel à des connaissances , à des expériences diversifiées et, il faut le dire aussi, à des compétences solides. Lesquelles doit-on retenir au terme de la formation des enseignantes et des enseignants? C’est une question très importante à laquelle il faut répondre collectivement et qu’il faut poser à de futurs enseignantes et enseignants. Le ministère de l’Éducation définit les grandes orientations de l’éducation. Toutefois, certains du monde de l’éducation se demandent: Est-il nécessaire que l’État, en plus des grandes orientations, trace aussi les contours de la réforme et aille jusqu’à indiquer les façons de faire en proposant diverses approches pédagogiques? Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) devrait se limiter à définir les grandes orientations, à favoriser la mise en réseau des divers acteurs responsables de l’éducation, à garantir la qualité de l’éducation 1. Ce chapitre s’inspire de Toussaint, P. et G. Fortier (2002). Les compétences interculturelles en éducation. Quelles compétences pour les futures enseignantes et les futurs enseignants? Rapport de recherche, Montréal, Université du Québec à Montréal. Chapitre 6 – La compétence interculturelle 1 et à assurer dans ses politiques l’atteinte des visées de l’éducation, en octroyant aux commissions scolaires toutes les ressources nécessaires pour y parvenir. Mentionnons que, dès 1999, avec sa réforme du programme intitulé «prendre le virage du succès», le MEQ a introduit l’approche par compétences dans la formation des enseignantes et des enseignants du primaire et du secondaire (2001). 6.2. LA RéAcTIoN devANT LA RéFoRme du cuRRIcuLum Plusieurs intervenants du milieu, dont Paul Inchauspé (2007), considèrent que, dans cette réforme, on met plus l’accent sur le contenant que sur le contenu. Que les domaines de connaissance sont occultés au profit des aspects plus techniques. Ce sont là des critiques très sévères adressées à la réforme. Par ailleurs, faut-il le rappeler, cette réforme...