In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E 9 La lecture interactive Un outil de développement et d’adaptation Marie-Claude Guay Université du Québec à Montréal, Centre Jeunesse de Montréal – Institut universitaire (CJM-IU) et Hôpital Rivière-des-Prairies Anne-Sophie Gousse-Lessard et Luc Reid Université du Québec à Montréal Carine Chartrand Clinique des troubles de l’attention de l’Hôpital Rivière-des-Prairies 148 LANGAGE ET LITTÉRATIE CHEZ L’ENFANT EN SERVICE DE GARDE ÉDUCATIF RÉSUMÉ Le développement de l’enfant pendant la petite enfance est en continuit é avec son fonctionnement scolaire ultérieur (La Paro et Pianta, 2000). Un enfant qui présente des retards de développement en bas âge risque d’avoir des difficultés d’ajustement et des problèmes scolaires (Campbell, Pungello, Miller-Johnson, Burchinal et Ramey, 2001; Middlemiss, 2005). Des programmes d’intervention visant le développement des fonctions cognitives peuvent favoriser le développement de l’enfant d’âge préscolaire et ainsi contribuer à augmenter ses chances de réussite scolaire (Ramey et Ramey, 1998). Parmi les stratégies de stimulation cognitive utilisées, la lecture interactive a fait l’objet de plusieurs études au cours des dernières décennies. Dans le présent chapitre, nous présentons des études portant sur l’efficacité de la lecture interactive sur le développement du langage chez l’enfant d’âge préscolaire. Par la suite, nous présentons des programmes d’intervention précoce, conçus pour les enfants qui présentent dès la petite enfance des retards de développement. Ces programmes, élaborés à partir de la lecture interactive, intègrent des exercices diversifiés en lien avec des objectifs d’apprentissage précis. [3.144.243.184] Project MUSE (2024-04-25 09:25 GMT) LA LECTURE INTERACTIVE 149 1. UN BRIN D’HISTOIRE Whitehurst et ses collègues (1988) furent les premiers à élaborer des techniques particulières d’intervention basées sur les interactions parentenfant durant les activités de lecture. Ces techniques, nommées lecture interactive, trouvent leurs racines dans la théorie d’éveil à la littératie (traduction libre de l’expression anglaise emergent literacy). Cette dernière englobe les habiletés, les connaissances et les attitudes de l’enfant qui s’avèrent des précurseurs développementaux de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture conventionnelle. À titre d’exemples, se retrouvent entre autres le vocabulaire, les conventions de textes telles la syntaxe et les structures narratives, la connaissance des lettres, la correspondance phonème-graphème, la motivation et les intérêts de l’enfant par rapport aux activités de lecture, ainsi que la conscience linguistique (Whitehurst et Lonigan, 1998). Cette dernière est liée au concept de métacognition, c’est-à-dire qu’elle concerne la capacité de percevoir le langage en tant qu’objet cognitif et de posséder, de ce fait, certaines connaissances sur la manière dont celui-ci est construit (par exemple, un mot est composé d’unités de sons appelées phonèmes) et utilisé (Whitehurst et Lonigan, 1998). De plus, la théorie d’éveil à la lecture considère l’impact de l’environnement sur le développement de l’enfant et plus particulièrement les interactions sociales qui, tout comme pour la lecture interactive, y jouent un rôle primordial. Au cours de ses nombreuses recherches, Whitehurst développa un programme d’intervention tenant compte des composantes de la théorie d’éveil à la lecture. L’objectif général était de savoir si une amélioration de la qualité des activités de lecture, par l’intermédiaire de l’entraînement des parents, pouvait influencer le développement du langage chez les enfants. Ce programme d’intervention a été testé à domicile ainsi qu’en milieu de garde auprès d’enfants âgés de deux à quatre ans provenant de nombreux milieux socioéconomiques et d’origines culturelles diversifiées (par exemple, Lonigan et Whitehurst, 1998; Valdez-Menchaca et Whitehurst, 1992; Whitehurst et al., 1988). Le programme , dont la durée était de quatre à sept semaines, consistait en au moins trois périodes hebdomadaires de lecture interactive d’environ 10 minutes chacune. L’adulte devait poser des questions à l’enfant pour l’encourager à parler des images et de l’histoire. Il devait aussi adapter son langage selon l’âge de l’enfant en utilisant par exemple...

Share