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Les signes annonciateurs de l’économie de l’an 2000 Roland Parenteau Il ne saurait être question ici de passer en revue toutes les tendances actuelles qui pourraient préfigurer l’économie de l’an 2000. Certaines sont très connues et ont été exposées à satiété, comme le vieillissement de la population ou la mondialisation de l’économie. D’autres cependant, pour être beaucoup moins perceptibles et dans certains cas incertaines, pourraient se révéler porteuses d’avenir, pour peu qu’on les encourage ou du moins qu’on ne leur fasse pas obstacle. La prospective est une démarche périlleuse pour peu qu’on veuille vraiment prédire l’avenir et non pas seulement extrapoler les tendances du passé. Je me garderai bien de faire des prédictions sur les éléments de la conjoncture. Tout au plus essaierai-je de déceler les tendances lourdes qu’on peut tirer de l’observation attentive de la société contemporaine, particulièrement au Québec. Déjà cet exercice n’est pas une mince tâche puisqu’il faut détecter, parmi la masse d’informations qui nous assaillent à tout instant, celles qui sont annonciatrices du futur. Le Conseil économique du Canada, dans ses exposés annuels, tente chaque année, avec beaucoup d’à-propos et en s’appuyant essentiellement sur des données chiffrées, d’établir les perspectives économiques à moyen terme. Sans contester la valeur de ces projections, on peut se demander si la voie des chiffres est le meilleur moyen de traiter du sujet qu’on m’a confié. Je persiste à croire que les tendances les plus significatives même pour le développement économique sont d’ordre qualitatif. Elles relèvent souvent de la psychologie sociale, de la politique ou de la sociologie. Qui osera prétendre, par exemple, que les brusques variations du prix du pétrole, à l’heure de ce que l’on appelle « la crise du Golfe », relèvent de la loi de l’offre et de la demande ? De même 28 Les signes annonciateurs de l’économie de l’an 2000 peut-on valablement prétendre que l’échec du Lac Meech aura beaucoup plus d’impact sur le développement économique du Québec que toutes les richesses naturelles cachées dans notre sous-sol ? Conséquemment les prédictions n’en sont que plus aléatoires. Ce sont donc ces vues très personnelles que je me propose d’exposer. Il existe, à mon avis, une dizaine de facteurs que l’on peut considérer comme annonciateurs de l’économie de l’an 2000. Certains sont d’ordre général et s’appliquent mutatis mutandis à la plupart des pays développés. D’autres sont plus particuliers au Québec. Certains facteurs relèvent avant tout de l’économique, d’autres ont des contenus beaucoup plus hétérogènes et proviennent davantage de la vie politique ou sociale de notre société. À cet égard, j’ai tenté de présenter, par ordre décroissant de contenu économique, sept tendances que j’estime significatives. Je m’empresse d’ajouter que le classement ne tient pas compte de l’importance présumée de leur impact sur l’avenir. Ces tendances sont les suivantes : 1. le déplacement des facteurs dynamiques du développement : des ressources aux marchés ; 2. la mondialisation de l’économie ; 3. le déclin de la productivité de l’économie ; 4. le déclin des grandes organisations ; 5. l’accélération du progrès technique ; 6. le vieillissement de la population ; 7. la mutation de l’État. Après quoi, j’envisagerai trois facteurs concernant plus spécifiquement le Québec : l’accession à la maturité politique et économique, la revalorisation de l’économique, et la constitution d’une nouvelle bourgeoisie. Le déplacement des facteurs dynamiques L’économie traditionnelle se développait d’autant mieux qu’on arrivait à mobiliser les facteurs classiques de production : matières premières, capital, main-d’œuvre, technologie. On sait que le Québec a pu compter pendant de nombreuses années sur la présence de matières premières et d’une maind ’œuvre « docile et bon marché », ainsi qu’on ne se gênait pas de la qualifier. Cette situation est en voie de changement depuis un bon moment mais les pouvoirs publics et certains économistes ont peine à le reconnaître. Je n’en veux pour preuve que le document Bâtir...

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