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L’aménagement et la réduction du temps de travail : une réponse au problème de l’exclusion ? Diane-Gabrielle Tremblay1 Introduction Depuis les années 1980, plusieurs régions et villes du Québec connaissent une situation désastreuse du point de vue du chômage et de l’exclusion. À la suite des récessions des années 1980 et 1990, la croissance économique a repris dans les années 1983-1989, et de nouveau en 1993, mais elle ne produit pas les emplois attendus et de plus en plus, on parle de « crise de l’emploi ». En effet, même si la croissance économique qui a suivi ces deux récessions a été très forte, le taux de chômage est resté très élevé et nombre de régions, et surtout d’individus habitant ces régions, ne ressentent pratiquement pas les effets de la reprise. C’est ainsi que plusieurs villes du Québec connaissent des taux de chômage dépassant les 15 %, malgré le fait qu’il y ait reprise économique. La région de Montréal ne va pas très bien non plus, avec un taux de chômage aux environs de 12 % en 1994. Plusieurs régions du Québec se situent aux environs de 13 ou 14 % de chômage, et la Gaspésie dépasse régulièrement un taux de 20 %. Le Québec a subi un taux de chômage supérieur en moyenne 1. L’auteure tient à remercier la Télé-Université de l’Université du Québec pour un financement ayant permis de réaliser des recherches statistiques. Elle tient également à remercier l’Université du Québec pour un financement qui a permis de réaliser une recherche sur les problèmes du chômage et de l’exclusion et surtout sur le développement local, comme solution à ce problème. Cette dernière recherche a donné lieu à la publication d’un ouvrage, dont nous nous inspirons ici et que l’on retrouvera en bibliographie : Tremblay et Fontan (1994). 100 Contre l’exclusion : repenser l’économie à 11 % pendant une période de dix ans, au cours de laquelle il y a pourtant eu croissance économique soutenue. Le taux de chômage ne s’est pas amélioré malgré la reprise économique des années 1980 et 1990, mais en plus, le taux d’activité et le rapport emploi-population sont aussi demeurés faibles dans un grand nombre de villes et de régions ; ces deux indicateurs ajoutent encore au constat de chômage et de problème chronique de l’emploi au Québec. Pendant l’après-guerre (1945-1975 approximativement), la croissance économique s’est généralement traduite par une progression parallèle de l’emploi. Mais aujourd’hui, dans les années 1990, la croissance de l’emploi n’est pas aussi forte que celle de l’économie et le problème de l’exclusion sociale devient de plus en plus criant. Aujourd’hui, au Québec comme dans une bonne partie de l’Europe (bien que cela ne nous console pas tellement !), l’économie est en croissance, mais l’emploi ne progresse pas suffisamment. Les entreprises font face à une concurrence internationale exacerbée, et elles optent de plus en plus pour des investissements en technologies, technologies qui sont de moins en moins coûteuses, en regard notamment des coûts de main-d’œuvre associés à une production équivalente. Dans le secteur manufacturier en particulier, mais de plus en plus également dans les services, notamment les services fmanciers2 , les entreprises préfèrent investir dans des technologies et équipements qui favorisent une hausse de la productivité et permettent des économies de main-d’œuvre. Certains économistes et certains politiciens pensent que la situation de l’emploi s’améliorera d’elle-même et qu’il suffit de laisser agir les « forces du marché » pour que cela se produise. Selon eux, il serait inutile de faire des efforts pour favoriser la relance de l’emploi. Il est vrai, reconnaissent-ils, que les employeurs commencent d’abord par accroître la charge de travail de leurs salariés lorsque la croissance économique reprend. Mais ces économistes et ces politiciens affirment que les employeurs reprendront confiance lorsque l’économie sera plus fermement engagée dans la croissance et qu’ils se remettront alors à embaucher. Or, voilà deux ans que l’économie a repris le chemin de la croissance...

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