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XIII. Rosalie ou L’Assiette d’or* Le type AT 706, La Fille aux mains coupées, auquel se rattache la version québécoise, mauricienne, Rosalie ou L’Assiette d’or, racontée par madame Guimond, fait partie du cycle de la femme bannie qui comprend les types numérotés de 705 à 712 dans le catalogue international d’Aarne et Thompson. Le scénario commun du type 706 décrit d’abord dans quelles circonstances une héroïne est condamnée à avoir les deux mains coupées, puis à être abandonnée à son sort. Par bonheur, la victime est recueillie par un prince qui accepte de l’épouser malgré son infirmité. Mais elle est de nouveau rejetée avec son fils nouveau-né, car un membre de sa famille a falsifié la lettre expédiée à son mari pour lui annoncer la naissance de leur fils : au mot fils, on avait substitué celui de monstre. Finalement, l’héroïne recouvre ses deux mains et son mari. De multiples variantes diversifient, d’un pays à l’autre, ce schéma général. Par exemple, les raisons de la cruelle sanction imposée à l’héroïne sont loin d’être uniformesl . C’est la jalousie de la belle-sœur de l’héroïne qui prédomine dans les versions orales de l’Amérique française où plus des deux tiers des versions recueillies donnent pour cause de la mutilation de l’héroïne la haine de sa belle-sœur pour elle, alors que ce trait n’est présent que dans 8 des 48 versions enregistrées en France. Qui plus est, de ces 8 versions, 6 proviennent de la Bretagne2 . De même, le miracle des mains recréées par immersion des poignets dans l’eau d’une fontaine merveilleuse ne représente qu’une des figures de ce motif, etc. Le sous-titre de la version mauricienne est emprunté au motif de l’assiette d’or d’où surgit une fée qui conteste à l’héroïne la légitimité de son mariage avec le prince qui l’a épousée. L’insertion adventice de ce motif amorce un nouvel épisode qui contamine le type 706 par le type voisin AT 708A* * C. LEGARÉ, Catalogue des contes populaires de la Mauricie, conte n° 130 recueilli par C. Richard et Y. Boisvert, le 5 août 1976. 1. Voir S. TxoMrsoN, The Folktale, p. 120-121. 2. Voir Hélène BERNIER, La Fille aux mains coupées, conte type 706, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1971, p. 96. 154 Première partie (AT 462, L’Oiseau mystérieux du château volant3 ) ; le fils de l’héroïne voit son père, le prince, ensorcelé par la fée, arracher les yeux de sa mère ; il se rend ensuite chez les filles de la fée où il retrouve les deux yeux de sa mère et lui rend la vue après avoir soufflé les bougies dont la flamme permanente devait garantir la vie de la fée et de ses filles. ÉPISODES ET ÉLÉMENTS DU CONTE (d’après Delarue et Tenèze4 ) 1. La mutilation de l’héroïne A : L’héroïne est une jeune fille ; A2 : dont la belle-soeur est jalouse. B4 : La belle-soeur tue successivement des animaux aimés de son mari (un petit chien, la meilleure vache du troupeau et un cheval) puis son propre enfant et (laisse) accuser l’héroïne ; B6 : le frère pardonne (trois) fois à sa soeur mais la (quatrième) fois, il lui coupe les mains. II. Le mariage avec le roi A : L’héroïne est abandonnée (à l’autre bout de la ferme) ; A2 : et attachée à un tronc d’arbre. B1 : Elle est nourrie par (deux) chiens d’un prince ; B2 : qui vont prendre de la nourriture à la cuisine du château. Cl : Alerté par la maigreur (et) le manège des chiens ; C2 : le prince découvre l’héroïne, l’emmène et l’épouse plus tard ; C3 : (avec) l’approbation de ses parents, à lui. III. L’épouse calomniée A : Le mari est obligé de partir à la guerre et laisse sa femme enceinte à la garde de sa mère (la reine). B : Il naît un enfant. C : La reine-mère fait informer le prince de cette naissance...

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