In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Chapitre IV Le couple à la base des familles La formation des unions Au total, 3975 mariages ont été célébrés à Québec depuis l’ouverture des registres en 1621 jusqu’en 1760. Faible avant 1660 (seulement 6 mariages en moyenne chaque année), le nombre de mariages connaît une importante augmentation au cours des deux décennies suivantes, suite à l’intensification de l’immigration. Il demeure relativement stable jusque vers 1710 (22 mariages par année en moyenne), pour remonter ensuite avec le développement croissant de la ville, d’abord après 1710, puis après 1745. La réalisation de ces mariages est le résultat d’une dynamique complexe qui dépend des possibilités concrètes du marché matrimonial, de la plus ou moins grande ouverture de ce marché, et donc des rapports qu’entretient la ville avec l’extérieur, ainsi que des pratiques spécifiques en matière de nuptialité. Dans un premier temps, les recensements nous renseignent sur les caractéristiques des conjoints potentiels au sein de la ville même de Québec. Statique, cette première image est suivie d’une analyse plus dynamique de la formation des unions, qui met d’abord en évidence l’origine géographique variée des conjoints et donc le sens et la direction d’une certaine mobilité matrimoniale. Les modalités de la formation des unions sont ensuite étudiées : l’importance et les caractéristiques des mariages impliquant des veufs et des célibataires ; l’âge au mariage des conjoints, son évolution dans le temps et les différences entre les catégories professionnelles ; la proportion des personnes qui finissent par se marier à Québec parmi celles qui y sont nées. 82 Chapitre IV A. UN MARCHÉ MATRIMONIAL DE PLUS EN PLUS RESTREINT POUR LES FEMMES DE QUÉBEC Prenant comme limite inférieure pour le mariage l’âge de 15 ans chez les femmes et celui de 20 ans chez les hommes, décrivons brièvement les deux groupes en âge de se marier qui se trouvent ainsi en présence à chacun des recensements. Ce qui frappe d’abord, c’est la surmasculinité des effectifs en âge d’être mariés dans les premiers recensements, par rapport aux deux recensements ultérieurs. En 1666 et 1667, Québec compte deux fois plus d’hommes de 20 ans et plus que de femmes âgées d’au moins 15 ans ; en 1681, le surplus masculin s’est réduit, mais il atteint encore 25 %. Le déséquilibre des sexes disparaît par la suite et, s’il est normal que le nombre de femmes dépasse celui des hommes à cause des limites d’âge retenues, il reste que la disproportion est grande, tant en 1716 qu’en 1744 : dans les deux cas, le nombre de femmes de 15 ans et plus dépasse alors de 25 % celui des hommes de 20 ans et plus (tableau 4.1.). L’examen des pyramides des âges de la population aux recensements de 1716 et 1744 (figures 2.2. et 2.3.) a déjà fait ressortir le surplus féminin entre 15 et 30 ans, associé entre autres à une émigration probable des jeunes hommes et à l’immigration à Québec d’un certain nombre de jeunes filles venues probablement travailler comme domestiques. Cette situation agit également sur la répartition suivant l’état matrimonial. Selon l’hypothèse que les personnes recensées sans état matrimonial déclaré sont toutes célibataires, hypothèse vraisemblable étant donné leur jeune âge et le fait que plusieurs d’entre elles sont des domestiques, il apparaît que l’évolution de cette répartition entre 1681 et les deux recensements ultérieurs dénote une diminution de la proportion des femmes âgées de 15 ans et plus qui sont mariées au profit des célibataires et des veuves et, à l’inverse, une augmentation de la proportion des hommes mariés. Chez les femmes de 20 ans et plus en particulier, la proportion des célibataires est de 10 % en 1716 et en 1744. Le nombre total de femmes célibataires dépasse alors par plus de deux fois celui des hommes, signe d’un marché matrimonial considérablement restreint pour celles-ci à Québec. Du côté masculin, 80 % des hommes âgés de 20 à 29 ans sont encore célibataires en 1681, comparativement à 50 % seulement en 1716 et 1744. D’abord favorable...

Share