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Accidents du travail et rythmes biologiques
- Presses de l'Université du Québec
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Accidents du travail et rythmes biologiques Jacques SARRADE LES ACCIDENTS DU TRAVAIL NE SE PRODUISENT PAS AU HASARD DANS LE TEMPS MAIS SELON DES RYTHMES. 1. GÉNÉRALITÉS Ces rythmes peuvent être observés dans leur distribution statistique, ce qui est naturel si on admet la métaphore suivante : On peut considérer une grande entreprise comme un organisme vivant, les êtres humains travaillant dans cette entreprise seront alors considérés comme ses organes, une telle entité est donc soumise à des rythmes pour la plupart endogènes. La manifestation de ces rythmes peut être décelée à travers les accidents ou les incidents du travail qui émanent de ces « organes » . Ces rythmes peuvent avoir des périodes fort différentes, on parlera de rythmes circannuels pour ceux dont la période est d’environ 365 jours, de rythmes circadiens pour ceux dont la période est d’environ 24 heures, de rythmes ultradiens pour ceux dont la période est inférieure à 20 heures, mais il existe bien d’autres périodicités dans les rythmes. L’observation des phénomènes cycliques n’est pas nouvelle. Très tôt les hommes ont constaté l’alternance des saisons, des jours et des nuits, du flux et du reflux de la mer, les phases de la lune, les mouvements planétaires, par exemple le passage de la comète de Halley qui soulève l’intérêt tous les 76 ans environ. Mais ces phénomènes cosmiques ne doivent pas nous faire oublier des phénomènes beaucoup plus proches de nous, qui sont dans notre vie, décelables, mesurables, car nous savons aujourd’hui que l’activité rythmique est une propriété fondamentale de la matière vivante. Des rythmes biologiques peuvent être démontrés chez tous les êtres vivants, depuis les unicellulaires nucléés jusqu’à l’homme : de plus, ils montrent des propriétés fondamentales similaires que ce soit chez les plantes ou les animaux : ils ont une origine génétique, donc héréditaire ils persistent en l’absence de signaux et d’informations temporelles ils peuvent être influencés par les variations cycliques de certains facteurs nommés : SYNCHRONISEURS. 2. NAISSANCE ET DEVENIR DES RYTHMES BIOLOGIQUES Le thème du présent exposé étant la rythmicité des accidents du travail, il ne sera donné que quelques exemples de rythmes. L’analyse psychologique et la sécurité du travail 287 Les rythmes biologiques se développent à partir de la naissance et subissent une maturation, ce qui implique une ou des modifications de leur périodicité. Ainsi le rythme du pouls se développe progressivement chez l’humain puisqu’il n’apparaît qu’après la sixième semaine et qu’il présente un pic en fin d’après-midi chez l’adulte. Le rythme de la température corporelle profonde, apparaît vers la quatrième semaine, il est alors de périodicité inférieure à 24 heures, et ne devient circadien que dans la petite enfance vers 3,5 ans ± 1 an environ. Il est ensuite extrêmement stable. Chossat au XIXe siècle a démontré la persistance du rythme circadien de la température profonde du pigeon privé de toute nourriture. Tous ces phénomènes biopériodiques : pulsations cardiaques, mouvements respiratoires, rythme de la température, floraison et fructification des plantes... résultent du moins en partie, de phénomènes concernant l’adaptation des espèces à des variations prévisibles d’un ensemble de facteurs liés directement à la rotation de la terre autour de son axe et à l’orientation de cet axe par rapport au plan de l’écliptique. 3. CARACTÉRISATION D’UN PHÉNOMÈNE BIOPÉRIODIQUE La figure 1 montre de quelle façon un rythme (biologique, accidents du travail...) peut être analysé. La variable est le nombre d’accidents évalué sans arrêt toutes les demi-heures pendant les huit heures de travail ; il s’agit des heures de poste, c’est-à-dire le moment où l’accident a eu lieu par rapport au temps écoulé depuis la prise du travail. Comme il s’agit du régime normal, les personnes accidentées étaient synchronis ées par l’ensemble des synchroniseurs : 1) « activité - lumière - bruit – chaleur » 2) « repos - obscurité - silence – froid » En reportant les valeurs obtenues en fonction de la demi-heure, dans l’échelle des huit heures, on obtient un chronogramme. Le tracé de la...