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Une hypothèse prend un caractère « scientifique » dans la mesure où elle peut être traduite dans un langage opératoire et être soumise à l’expérimentation. Je dois reconnaître que la plupart des hypothèses que je défends dans mon ouvrage peuvent difficilement entrer dans cette catégorie. Par exemple, comment prouver « scientifiquement » l’hypothèse de la protoféminité, l’hypothèse de l’agressivité comme principe additif, l’hypothèse du complexe fusionnel ? Pour l’instant, je dois me contenter de preuves indirectes, d’approximations successives. N’est-ce pas là le sort réservé à la plupart des hypothèses faites en sciences humaines ? Paradoxalement, la méthode expérimentale ne peut souvent servir qu’à vérifier les hypothèses les plus accessoires et sans grande valeur heuristique. Dans mon essai, je me suis surtout attardé au développement de la masculinité et de la féminité, c’est-à-dire à la genèse de l’identité et de l’orientation de genre. J’ai mis l’accent sur le processus d’individuation sexuelle pour tenter de montrer que ce processus s’inscrit à l’intérieur d’une problématique conflictuelle et qu’il prend sa source dans ce que j’ai appelé le complexe sexuel nucléaire. Chez le garçon, ce complexe se traduit par une double crainte, celle d’être féminisé et de perdre ainsi son identité masculine (anxiété de féminisation), et celle de ne pas être en mesure d’assumer les exigences de la masculinité, en particulier de faire face aux contre-agressions (anxiété de masculinitude). Chez la fille, le complexe sexuel nucléaire se fonde sur l’anxiété de féminitude résultant principalement de la crainte d’être agressée et exploitée, et Conclusion aussi de ne pas être suffisamment désirable. Ce complexe sexuel nucléaire prend racine dans un complexe plus primitif, à savoir le complexe fusionnel dans lequel s’expriment les désirs antagonistes de fusion et d’individuation d’un côté et, de l’autre côté, les craintes d’abandon et de réengloutissement. La formation d’une identité conforme à son sexe anatomique, l’acquisition des schèmes de comportements attribués socialement à son sexe et l’investissement érotique des différences sexuelles (hétérosexualisation) constituent, ,à mon sens, les trois phases normales du processus d’individuation sexuelle. Je reconnais que cette normalité est définie en bonne partie par les valeurs culturelles, particulièrement en ce qui concerne les rôles de genre. J’admets aussi que cette normalité peut être une source d’aliénation tant pour l’homme que pour la femme dans la mesure où elle les enferme dans des modes d’expression spécifiques et limités. Une fois adultes, la femme et l’homme doivent être capables de transcender les catégories sexuelles afin de maximiser leur potentiel humain. Dans cette perspective, une certaine anormalité m’apparaît souhaitable. Pour étoffer ma théorie de l’ontogénèse sexuelle, je me suis servi des données de recherches existantes. Mais ma théorie s’appuie aussi sur mon expérience clinique avec les déviants sexuels ; c’est à partir de cette réalité clinique qu’il m’a été possible de formuler certaines hypothèses sur le développement sexuel « normal ». Afin de ne pas alourdir la présentation, j’ai préféré réserver mes données cliniques pour un prochain ouvrage, qui portera précisément sur les aspects cliniques et, plus particulièrement, sur le modèle d’intervention que j’ai développé depuis quelques années et que j’ai appelé la sexoanalyse. 154 PROTOFÉMINITÉ ET DÉVELOPPEMENT SEXUEL ...

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