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CHAPITRE III LIVRE TROISIÈME ET DEUXIÈME ASSAUT DES ÉCONOMISTES Je n’y puis rien ; je ne vois ici ni éclaircissement ni résolution d’une contradiction, mais bien la contradiction elle-même mise à nu. Le troisième volume de Marx contredit le premier. BÖHM-BAWERK, Zum Abschluss des Marxschen Systems. Ce sont les mêmes acteurs que l’on retrouve dans le deuxième assaut contre la théorie marxiste, dont la virulence peut être expliquée par l’essor politique du marxisme dans le mouvement ouvrier européen, particulièrement en Allemagne. Ainsi, c’est l’écrasement du mouvement ouvrier allemand qui, en 1934, mettra fin à la controverse théorique sur le problème de la valeur dans ce pays. En 1894, le marxisme survit à ses contradictions scientifiques que les économistes croyaient avoir mises en lumière depuis 1867. Et son essor ne semble nullement ralenti par la faillite théorique qu’illustre, à leurs yeux, le troisième livre du Capital de Marx. Cela explique la multiplication des articles, monographies et volumes consacrés à l’analyse et à la réfutation des thèses d’un homme qui, peu de temps avant sa mort, se plaignait du boycottage par lequel la critique bourgeoise entendait se débarrasser de ses idées. Les théoriciens bourgeois peuvent opposer au système de Marx, enfin« complété », une nouvelle « science économique » qui prend son essor. La critique bourgeoise est centrée, comme toujours, sur la théorie de la valeur, maintenant complétée par la théorie des prix. Ce que Marx écrit des crises, du mouvement du taux de profit, du commerce extérieur, du système bancaire, de la concentration du capital ou de la rente foncière ne fera pas plus l’objet de la critique que les développements du livre premier sur les formes de la plus-value, la lutte pour la journée de travail, l’essor de la grande industrie, l’armée industrielle de réserve ou l’accumulation primitive du capital. Il s’agit de montrer la faiblesse du levier qui supporte 62 VALEUR ET PRIX cette construction d’ensemble. C’est ce qui a été fait pour la théorie de la valeur exposée dans le premier livre. Maintenant, pour harmoniser cette théorie et la réalité des prix, l’auteur du Capital semble battre en retraite, et construire une théorie des prix qui n’a rien à voir avec la théorie de la valeur et, surtout, se rattache à la théorie bourgeoise. Les prix de production de Marx sont identiques aux prix d’offre marshallien à long terme. Telle est, dans ses grandes lignes, la « grande contradiction » qui sonne le glas de la théorie marxiste. Bref, le livre troisième du Capital, loin d’apporter la solution, promise par Engels, aux contradictions mises en lumière par les critiques du livre premier, les recouvre d’une contradiction supplémentaire. Il apparaît désormais que le livre premier du Capital a lancé les lecteurs de Marx sur une fausse piste. À une théorie ricardienne de la valeur depuis longtemps dépassée est maintenant substituée une théorie ordinaire des coûts de production, comme Marx semble lui-même l’avouer. Toutefois, la critique bourgeoise ne se présente pas en rang uni face au marxisme, qui lui-même commence à souffrir de dissensions sérieuses, comme nous le verrons dans le chapitre suivant. À l’époque qui nous intéresse , au tournant du siècle, le combat théorique entre les partisans du marginalisme , sous ses diverses formes (école autrichienne, école anglaise, école de Lausanne) et les fidèles de Ricardo, ou encore les partisans de l’école historique allemande, bat son plein. L’« unanimité samuelsonienne » est loin d’être faite. Ce combat porte principalement sur la théorie de la valeur, qui en constitue, pour ainsi dire, le « lieu théorique ». Mais ce sont les mêmes failles que les uns et les autres croient voir dans la théorie de la valeur de Marx. Seules diffèrent les conclusions qu’ils en tirent concernant l’ensemble de la construction de l’auteur du Capital. Nous examinerons, en premier lieu, la critique marginaliste traditionnelle du Capital, désormais « complété », avant d’analyser le travail de quelques auteurs « hétérodoxes », qui ouvrent la voie à l’approfondissement de Bortkiewicz. Pour ces derniers, l’erreur de Marx, au niveau de la...

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