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Dans le prologue de la version espagnole de l’ouvrage de Neave, The EEC and Education (Neave, 1984), on peut lire : « l’importance de l’éducation pour construire l’Europe, pour créer une nouvelle identité et pour développer une nouvelle connaissance au sein de ses 310 millions d’habitants (aujourd’hui plus nombreux, vu les nouvelles adhésions des dernières années) est primordiale, comme le démontrent les nombreuses résolutions adoptées par le parlement européen. Cependant, la politique éducative des Communautés n’a pas reçu toute l’attention qu’elle aurait méritée. Deux ans plus tard, le même auteur mentionnait que « la situation est en train de changer [..] avec le nouvel élan à la suite des réunions au sommet qui ont eu lieu à Stuttgart (1983), Fontainebleau (1984) et Milan (1985) » (Neave, 1986, p. 9). Dès cette époque, un mouvement est donc enclenché, comme si le Marché commun des origines avait pris conscience, vers le milieu des années 1980, que l’Europe des marchands devrait aller au-delà du simple champ de transactions économiques, et servir aussi de base à la création de l’Europe des citoyens et des Communautés européennes. Cette « Europe des citoyens » s’est donc transformée, au-delà des intérêts économiques purs, en un espace dans lequel les institutions communautaires sont sensibles aux préoccupations quotidiennes des habitants et à leurs problèmes qui, paradoxalement, sont aussi très souvent de nature économique et donc de compétitivité. Comme Neave (1986, p. 10) le signalait de manière prémonitoire dans le prologue de l’ouvrage déjà cité, l’Europe doit faire face à des défis énormes pour 146 L’État québécois et les universités concurrencer les forces économiques des États-Unis et du Japon : il lui faut« ré-équiper l’industrie, réadapter les techniques des travailleurs et effectuer tous les ajustements techniques et sociaux nécessaires pour la révolution technologique de l’Europe ». Les travaux de Neave nous amènent à penser que les pressions externes exercées sur les universités européennes en vue d’une révision de leurs façons de faire et de leurs orientations ont évolué au cours des 15 derni ères années dans la mesure où les demandes européennes ont graduellement pris plus de place au côté des demandes et besoins strictement nationaux. Cela dit, il ne faut surtout pas oublier qu’au-delà de cette transformation , les pressions exercées sur les universités sont le plus souvent marquées par la volonté d’adapter les universités à la mise en place de l’économie du savoir. À l’ère du développement des technologies de l’information, de la globalisation de l’économie et de l’augmentation de la compétition sur les marchés internationaux, le savoir et le comment savoir sont aujourd’hui essentiels pour assurer l’intégration des individus au sein de la société, la survie et le développement des entreprises et une prospérité collective plus grande. En somme, ce qui a changé, c’est que les pressions exercées sur les universités, de même que les décisions de réorganisation qui en résultent, sont en quelque sorte moins « nationales » et davantage « européennes ». Dans la nouvelle approche qui sous-tend les demandes adressées aux universités ainsi que les réorganisations mises en œuvre, application et rendement du savoir sont désignés d’une manière simplifiée comme facteur K (pour Knowledge), monnaie à deux faces (savoir et savoir-faire) et clé de tout futur développement économique : « Il est clair, nous dit Collin (1993, p. 1), que le territoire et le capital existent toujours, seulement leur valorisation dépend des processus qui se déroulent dans un autre espace, celui de la connaissance. » Or, ce défi du développement de la connaissance pour produire plus et à meilleur coût commence à être perçu par l’Europe et ses systèmes universitaires comme un défi organisationnel de niveau pan-national. En effet, les réponses à ce défi ne dépendent pas uniquement de l’université et des politiques nationales, mais de l’ensemble de la société européenne qui doit s’adapter à la présence de nouvelles valeurs, d’une nouvelle « culture universitaire » dont la pointe de l’iceberg peut déjà s’entrevoir à Maastricht...

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