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7. Relations fédérales-provinciales UN QUÉBEC HYDRO-ÉLECTRIQUE DANS UN CANADA NUCLÉAIRE ? par Michel Gauquelin C’est pour mettre chercheurs et laboratoires nucléaires à l’abri de la Bataille d’Angleterre que le Dominion du Canada commence à développer, au cours de la dernière Guerre mondiale, une industrie de l’atome. Une industrie qui n’aura pas le temps d’atteindre son objectif premier : la bombe. Et qui se convertira, dès la fin du conflit, à des activités pacifiques. Exclusivement ontarienne pendant une vingtaine d’années, l’industrie nucléaire canadienne va devoir exporter, sortir des frontières de l’Ontario. Et comme les marchés étrangers sont de plus en plus difficiles à enlever, il faudra se tourner vers les marchés intérieurs. Le Québec, fort d’un potentiel hydro-électrique peu banal et animé d’aspirations politiques originales, voudrait bien pour sa part ne pas acheter n’importe quoi à n’importe qui n’importe quand. Mais la vente risque fort de se faire sous pression... 169 FACE AU NUCLÉAIRE Les Québécois viennent de découvrir, tout récemment, l’existence de l’énergie nucléaire. Il aura fallu une crise de l’énergie et un débat sur la décision de construire plusieurs centrales dans la région de Gentilly pour que la population du Québec se souvienne que le réacteur de Gentilly 1 existe depuis plus de huit ans. Il faut dire que ce réacteur a tout fait pour se faire oublier, chômant la plupart du temps, au lieu de produire de l’électricité. Au-delà des souvenirs, il y a des découvertes : cela fait plus de quatorze ans que des ingénieurs de l’Hydro-Québec travaillent dans le secteur de l’énergie nucléaire. Leurs confrères de l’Hydro-Ontario, pour leur part, ont vu leurs efforts couronnés de succès dès 1966 avec la mise en service de la centrale de Douglas Point. Les études avaient commencé dix ans plus tôt, après que les autorités de l’Hydro-Ontario aient décidé de se lancer dans la production d’électricité avec des centrales nucléaires, décision prise en... 1952. Si son arrivée sur le territoire québécois est récente, l’énergie atomique n’en est pas moins installée au Canada depuis longtemps, depuis ses tout débuts en fait. Elle a fait ses premiers pas en Ontario, sous l’autorité du gouvernement fédéral, pour aller ensuite s’implanter au Manitoba, puis au Québec, et bientôt au Nouveau-Brunswick. De plus, le Canada est depuis plusieurs années exportateur de centrales nucléaires, des centrales qui fonctionnent selon un système à l’uranium naturel et à l’eau lourde qui a été mis au point au Canada même, grâce à des recherches commencées à Montréal il y a 35 ans. Ce n’est donc pas par hasard que le Canada, petit pays à la puissance économique limitée, se présente en 1979 avec une technologie nucléaire bien à lui, qui représente un milliard de dollars en activités économiques et qui lui permet de jouer dans les ligues majeures au niveau international , même s’il ne possède pas la bombe. La présence 170 [18.117.138.44] Project MUSE (2024-04-20 11:46 GMT) UN QUÉBEC HYDRO-ÉLECTRIQUE DANS UN CANADA NUCLÉAIRE ? de fortes réserves d’uranium sur son territoire ajoute encore plus de poids aux ambitions du Canada au niveau international, ainsi que dans son désir de faire de l’énergie nucléaire un morceau de choix dans son approvisionnement énergétique. Quand le pétrole commence à manquer, pourquoi ne pas rentabiliser les investissements effectués depuis trois décennies dans la mise sur pied d’une industrie de l’atome ? Le raisonnement se tient mais il ne pourrait laisser indifférentes les autorités provinciales, qui ont quand même leur mot à dire dans le développement des sources d’énergie sur leur territoire et qui ont aussi, en principe, juridiction exclusive sur leurs ressources minérales, y compris l’uranium. Développer le nucléaire au Canada, cela implique donc que gouvernement fédéral et gouvernements provinciaux marchent main dans la main. Ce qui est loin d’être le cas pour Ottawa et Québec depuis assez longtemps...

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